AccueilChroniquesRetro chroniquesSabaton : l’Histoire extraordinaire de Carolus Rex

Sabaton : l’Histoire extraordinaire de Carolus Rex

Le 23 mai 2012 sortait l’un des albums les plus emblématiques de Sabaton : « Carolus Rex ». Six ans plus tard, après 326 semaines de présence dans les charts suédois, l’opus, quadruple album de platine est réédité. Retour sur l’Histoire extraordinaire de Carolus Rex.  

Comment est né « Carolus Rex » ?

« Carolus Rex » c’est avant tout une réponse aux fans suédois de la bande à Joakim Brodén. Ces derniers, peut-être un peu gavés par la thématique « guerre mondiale » très récurrente chez Sabaton, ont fait savoir au groupe leur envie de changement. Leur demande est simple : écrire un album qui concerne leur propre Histoire, celle de la Suède et de l’ascension de son Empire. Écouter le peuple est souvent la clé du succès (#giletsjaunes… enfin, je crois). Ainsi naquit le projet « Carolus Rex ».

Le premier album concept de Sabaton

La période traitée s’étale entre le XVIIème et le XVIIIème siècle. Pour ne pas passer à côté de son sujet, Joakim Brodén et Pär Sundström (guitariste) choisissent de collaborer avec un historien dont l’expertise a permis de donner de l’ampleur et de la profondeur à la composition. Il s’agit d’un album concept. C’est-à-dire que chaque chanson s’inscrit dans une logique chronologique vis-à-vis de celle qui lui succède. Sabaton vous raconte une histoire, l’Histoire vraie d’un royaume en pleine ascension jusqu’à sa consécration comme grande puissance européenne. L’opus se scinde en deux parties, chacune faisant référence à un règne, de l’avènement de Gustave II Adolphe à la mort de « Carolus Rex », nom latin du roi Charles XII.

CR english sweden.jpgUne version de l’album en anglais, une autre en suédois

« Carolus Rex », c’est aussi une dualité linguistique. En effet, l’opus existe en anglais et en suédois ! C’est une décision forte de Sabaton, qui, en faisant ce choix, rend plus que jamais hommage à ses fans et à l’Histoire de leur pays. Cet hommage se poursuit même au niveau des artworks de l’album qui évoluent selon la langue. Pour la version anglaise, c’est la couronne royale de la monarchie qui trône au centre, avec l’initiale de Sabaton au premier plan. Autour, viennent se positionner quatre drapeaux suédois arborant les grandes armoiries et les trois couronnes caractéristiques des petites armoiries suédoises. S’adossent contre ces deux drapeaux deux lions, emblèmes royaux suédois de courage et de noblesse. Enfin, entre les deux oriflammes vient s’introduire le sceau royal. Sur la version suédoise, au premier plan figure un cavalier, à l’uniforme typiquement suédois (haut en bleu, bas en jaune) qui brandit une épée en poussant un cri de guerre. Au second plan apparaît une poignée de cavaliers arborant des drapeaux identiques à ceux présents sur la pochette anglaise.

Un split en plein enregistrement

Le 30 mars 2012, coup de tonnerre ! Alors en pleine session d’enregistrement, Sabaton annonce le départ de quatre membres du groupe, laissant Brodén et Sundström à leur sort. Sabaton venait en amont d’achever sa première tournée américaine. Selon les propos de Pär Sundström, cet abandon serait le résultat d’un épuisement généré par des tournées incessantes et aussi par le fait que chacun commençait à former sa petite famille. Les quatre contingents ne mettront pas très longtemps avant de se reformer sous le nom de « Civil War » qui, en effet, tourne environ 1000 fois moins que Sabaton, avec environ 1000 fois moins de succès. Cet événement délicat contraint Sabaton au renouveau avec une collaboration inédite qui dû prendre la suite de l’enregistrement. Tout ça n’aura pas empêché Sabaton de faire de « Carolus Rex » l’un de ses meilleurs albums suivi d’une tournée de 191 shows dans 40 pays.

sabaton-shopheader_1294x576px.jpg

Rétro-chronique – « Carolux Rex » : Le règne de Gustave II Adolphe

Cette première phase de l’album comprend les six premières pistes. L’album ouvre avec l’introduction instrumentale de 29 secondes « Dominium Baltici », soit la version latine de « Domination de la Mer Baltique », référence à cette couronne suédoise qui s’étalait le long de la mer baltique.

S’enchaînent alors deux titres phénoménaux, à commencer par l’extraordinaire « The Lion From The North », surnom du roi Gustave II Adolphe. Le titre fait l’apologie du souverain tout en évoquant ses faits d’armes pendant la Guerre de Trente Ans, énième conflit religieux opposant l’Europe catholique à l’Europe protestante. Au centre du conflit : le Saint-Empire romain et la maison des Habsbourg désireux d’accroître leur hégémonie et celle de la religion catholique. Reconnu comme un véritable stratège militaire, le souverain suédois (et protestant) était un chef militaire sans pitié qui lui valut d’ailleurs le surnom de « Père de la Guerre Moderne ». De grands généraux comme Napoléon 1er et George Patton se sont d’ailleurs inspiré de ce bon vieux Gustave. La chanson décrit le roi comme étant courageux, noble et fin stratège. L’ensemble du titre est ultra-épique. Il déploie une énergie enivrante soutenue par des chœurs, un clavier et des riffs de guitare carabinés. Le refrain en latin porte le titre à son paroxysme.

« Gott Mit Uns » nous emmène sur le champ de bataille de Breitenfield en 1631. Il s’agit ici d’une grande victoire militaire des troupes de Gustave II Adolphe. Le refrain est une référence au cri de guerre poussé par les soldats au moment d’attaquer les lignes catholiques : « Gott Mit Uns », soit « Dieu est avec nous » traduit de l’allemand. Cette bataille décisive a permis à la Suède de faire émerger un nouvel empire. Niveau son, nous sommes encore une fois sur un refrain atypique et fédérateur. Alors que le titre précédant symbolisait la Liberté et le Règne, celui-ci nous fait l’apologie de la victoire par le sang.

« A Lifetime War » change de registre et nous laisse respirer, et pour cause… Autant jusque-là, Sabaton nous faisait l’apologie de l’Empire, qu’ici, Brodén blâme la Guerre de Trente Ans et ses conséquences : « Il n’y a pas de signe de paix. Religion et croyance ont causé des millions de morts. Trois décennies de guerre ». Pour la suite, restons dans la thématique de cette bonne vieille Guerre de Trente Ans avec « 1648 », date de la fin du conflit. Les traités de Westphalie entre catholiques et protestants est signé, terminé le conflit germano-suédois.

Vient alors l’heure de la transition. « The Carolean’s Prayer » voit un roi céder le trône à un autre. Un orgue ouvre la danse. La composition de la chanson suit le schéma d’un psaume : « La prière Carolingienne ». Le courage et la piété des soldat sont mises en avant, eux qui partent en guerre pour le Christ, le Roi et la Gloire. Le titre exhorte l’auditoire à admirer la marche Carolingienne prête à fendre l’ennemi. Ici, nous célébrons le courage et la valeur de ces soldats qui marchent désormais sous la bannière de « Carolus Rex ». Le Roi est mort, vive le Roi !

Rétro-La période chronique – « Carolus Rex » : Le règne de Charles XII

La période Charles XII est attaquée directement par son couronnement. C’est alors au titre éponyme « Carolus Rex » de se faire entendre. La chanson laisse la parole au Roi, qui s’exprime à la première personne. Le monologue est à écouter attentivement. Il laisse transparaître un souverain pieux, ambitieux mais surtout despotique. Le second complet met bien en avant ce trait de personnalité : « Aucune allégeance, je ne jurerai rien. Je suis couronné par Dieu, pas par l’Église, mon pouvoir est divin ». Le refrain quant à lui est un hymne au monarque : « J’ai été choisi par le ciel, Dis mon nom lorsque tu pris vers les cieux, Vois l’avènement de Carolus. Au côté du Seigneur, mon protecteur, Faites-les s’incliner devant ma volonté, vers les cieux, Vois l’avènement de Carolus ». Encore une pépite de l’album.

« Killing Ground » laisse deviner une inspiration dans le style de Iron Maiden avec une rythmique à six cordes très soutenue. La piste nous emmène vers un nouveau conflit , cette fois face au Royaume de Saxe et à l’Empire Russe : la bataille de Fraustadt. Résultat : victoire écrasante des troupes de Carolus.

L’album se poursuit avec « Paltova ». Les faits sont ici bien moins glorieux puisque la bataille de Poltava se résume à une défaite décisive de l’armée suédoise face au Tsar de Russie, Pierre le Grand. Dès lors, plus rien ne sera comme avant. La couronne de Suède perd sa position de puissance dominante en Europe du Nord, au profit de la Russie. Si l’Histoire de l’Humanité nous apprend bien quelque chose, c’est qu’il ne faut jamais s’attaquer aux russes, jamais.

La fin de l’album se résume en une tragédie : la mort du roi. Alors en pleine tentative de conquête de la Norvège, il meurt d’une balle dans le citron, lors du siège du fort de Fredriksten. C’est d’abord l’inquiétude qui prend l’ascendant au premier complet : « Les rêves sont rarement brisés par une balle dans le noir. Les commandants vont et viennent, notre Royaume va-t-il s’effondrer ? ». Le second complet est plus solennel alors que la dépouille du Roi est ramenée vers sa patrie. Le refrain sonne la conclusion : « De si grands rêves brisés, chantent-ils face à sa dernière posture : Longue vie à Carolus ! Ramené des mains de ses soldats, de retour au pays, Longue vie à Carolus Rex ! ». Une conclusion épique pour une Histoire fantastique.

NOTRE AVIS

Carolus Rex est tout simplement une merveille. Puissant, épique, il transcende et contente largement les fans et au-delà. Comme à son habitude, Joakim Brodén s’impose en commandant de génie dans cette campagne. Son timbre de voix si particulier s’appose avec merveille à la thématique guerrière, à croire qu’il est né pour nous conter et nous faire revivre les grands conflits de l’Humanité. Beaucoup de titres de cet album sont devenus des classiques : « The Lion From The North », « Gott Mit Uns », « A Liftime War », « Carolus Rex ». Le split n’aura absolument pas perturbé la machine de guerre. Au contraire, jamais Sabaton n’aura eu autant de succès après la sortie de Carolus Rex, aujourd’hui quadruple album de platine, sans aucun doute un des plus grands albums concepts de l’Histoire.
Composition
9
Arrangements
8
Écriture
10
FabPMF
FabPMF
Né d’un amour interdit entre un conteur nain et un dragon femelle, je n’ai jamais cessé de me passionner pour les Histoires épiques de l’Humanité qu’elles se soient produites sur notre monde ou dans les grimoires de l’enchanteur Eusæbius… Mes références : Sabaton / Helloween / Blind Guardian / Demons & Wizards

2 Commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Carolus Rex est tout simplement une merveille. Puissant, épique, il transcende et contente largement les fans et au-delà. Comme à son habitude, Joakim Brodén s’impose en commandant de génie dans cette campagne. Son timbre de voix si particulier s’appose avec merveille à la thématique guerrière, à croire qu’il est né pour nous conter et nous faire revivre les grands conflits de l’Humanité. Beaucoup de titres de cet album sont devenus des classiques : « The Lion From The North », « Gott Mit Uns », « A Liftime War », « Carolus Rex ». Le split n’aura absolument pas perturbé la machine de guerre. Au contraire, jamais Sabaton n’aura eu autant de succès après la sortie de Carolus Rex, aujourd’hui quadruple album de platine, sans aucun doute un des plus grands albums concepts de l’Histoire.Sabaton : l’Histoire extraordinaire de Carolus Rex