Chronique de « Utopia », nouvel album de Silent Winter
Après deux albums assez bien accueillis, Silent Winter revient avec un troisième opus qui pourrait bien faire basculer la carrière du groupe vers de nouveaux horizons musicaux…
Cela fait maintenant quelques années que la Grèce fait figure de place émergente du Power Metal Européen. Aux côtés de groupes établis comme Firewind ou de jeunes pousses comme Warrior Path ou Orion’s Reign, Silent Winter est surement l’une des formations les plus prometteuses du moment.
Bercés, comme beaucoup, par le Heavy/Power originel d’Helloween, les grecs ont jusqu’à présent évolué dans un style énergique et agressif, déroulé sur « The Circles of Hell » en 2019 et « Empire of Sins » en 2021.
Pourtant, les choses pourraient bien changer pour le dernier rejeton de la bande, le bien nommé « Utapia », depuis l’arrivée en janvier 2024 de Maria Mosxeta au poste de claviériste.
Un album bien plus mélodique
Si les deux premiers albums de Silent Winter nous avaient globalement plutôt convaincus, il faut bien admettre que la voix très écorchée de Mike Livas, doublée aux riffs acérés des guitares, pouvaient parfois heurter un peu l’oreille. Avec l’arrivée d’une nouvelle claviériste, instrument très peu utilisé jusqu’à présent, Silent Winter semble l’avoir compris en misant sur des arrangements plus présents.
La métamorphose est flagrante sur un titre comme « Reign of the Tyrants », sur lequel les claviers sont omniprésents sur le riff principal, en soutien des guitares et également sur un magnifique solo qui vient sublimer l’ensemble.
Avec cette nouvelle corde à son arc, Silent Winter adoucie sa musique et la rend plus efficace. Les refrains sont travaillés, le rythme globalement ralenti et mieux maitrisé. Plusieurs morceaux, à l’image de « Hellstorm » ou l’excellent « Reborn », gagnent ainsi considérablement en mélodicité grâce à l’apport du clavier. L’influence du Power à la sauce scandinave est ici évidente et c’est un mariage qui fonctionne.
La production franchit également un cap : l’équilibrage entre les instruments et la voix est de meilleure qualité et permet d’apprécier davantage le travail de chacun. A l’écoute, le son est plus plaisant.
Un bon équilibrage des styles
Si les fans de la première heure pourraient être un peu décontenancés par le léger virage entamé par Silent Winter, le groupe a malgré tout conservé plusieurs morceaux plus proches de son style originel.
« Manifesf of God » affiche un pur son Heavy, avec un riff ciselé façon Judas Priest et des guitares qui prennent incontestablement le dessus ; « We Burn the Future » rappelle quant à lui Helloween avec son refrain accrocheur et sa rythmique soutenue.
Dans les deux cas, Silent Winter maitrise parfaitement son sujet et parvient à équilibrer son album entre le son brut de ses débuts et celui plus travaillé que l’on découvre aujourd’hui. Grâce à cela, le groupe fait un énorme bond en avant et va sans aucun doute s’ouvrir à un public plus large. C’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite !