Après pratiquement 15 ans de carrière, la vie de pirate deviendrait-elle un long fleuve tranquille faite de rhum, de beuveries et de chansons paillardes ? Avec son nouvel album « Curse of the Crystal Coconut », Alestorm semble vouloir prouver le contraire en s’aventurant dans des eaux bien moins calmes qu’il n’y paraît…
Il y a des images qui vous collent à la peau et dont il est parfois difficile de se défaire. Celle d’Alestorm est intimement liée à l’univers de la piraterie et au récit des exploits héroïques de ces hommes intrépides. Pourtant, l’histoire d’amour entre Alestorm et nos flibustiers est un peu le fruit du hasard, comme l’a récemment déclaré Chris Bowes : « J’ai commencé par écrire une chanson sur les pirates comme j’aurais pu en faire une sur les licornes ou autre. En commençant les répétition avec le groupe, c’est ce qui est revenu et sans même nous en rendre compte, on avait composé que des chansons sur ce thème. Quand on a joué notre premier concert, toute la salle était déguisée en pirate. Je me suis dit ‘Ok, cool, on est un groupe de pirates maintenant ».
Un choix payant mais qui comprend aussi son lot de frustration : « être confiné dans un univers précis limite forcément notre créativité ».
Aujourd’hui, presque prisonnier d’un style et d’une image qui a pourtant largement contribué à son succès, Alestorm cherche à prendre le large et à s’aventurer vers de nouveaux horizons musicaux.
Ce qui marque le plus à l’écoute de ce «Curse of the Crystal Coconut», c’est d’abord l’apparition de morceaux aux sonorités d’avantage marquées que sur ses prédécesseurs.
On retrouve un son plus thrash sur l’excellent « Chomp Chomp », avec la participation courte mais remarquée de Mathias “Vreth” Lillmåns de Finntroll au chant ou plus encore sur « Wooden Leg Part 2 (The Woodening), suite délurée de « Wooden Leg » figurant sur « Sunset on the Golden Age ». Alestorm lâche la bride et évolue dans un style brutal et direct qui lui colle très bien.
Le groupe se permet même d’aller lorgner du côté du rap/electro avec l’improbable « Tortuga », ovni musical autant apprécié que décrié par les fans. Encore une fois, Alestorm débarque là ou on ne l’attendait pas forcément, pour un résultat… étonnant.
Que les fans de la première heures se rassurent cependant : les Écossais n’ont pas oublié de nous balancer quelques morceaux plus classiques à base de refrains accrocheurs et de riffs de keytar toujours aussi efficaces. « Fannybaws », « Call of the Waves » ou encore le très enjoué « Pirate’s Scorn » reprennent ainsi cette formule certes bien connues mais qui fera une nouvelle fois des merveilles en concert. On ne pourra pas forcément en dire de même de « Pirate Drinking Crew », qui sans être mauvais, sent quand même pas mal le réchauffé.
Au niveau de l’écriture, Alestorm s’enfonce toujours un peu plus dans le parodique, l’absurde et la grivoiserie, en délaissant totalement le côté un peu sérieux que l’on pouvait encore retrouver par moment sur l’album précédent. Seule « Henry Martin », reprise d’une chanson folklorique Écossaise, viendra relever un peu le niveau en clôturant l’album. Les fans de « Captain Morgan’s Revenge » ou de « 1741 » devront s’en contenter.
En définitive, si une seule chanson devait résumer ce nouvel album, ce serait sans hésitation « Zombies Ate My Pirate Ship », titre qui mélange habilement le folk et le thrash, avec l’apport vraiment intéressant de Patty Gurdy au chant et à la vieille roue, le tout au service d’une chanson aux paroles totalement débiles : « I’ll smash their face in with a brick / Those Zombies ate my pirate ship ».
Vous vouliez du Alestorm ? Vous voilà servis !
Sorti le 29 mai 2020
Label : Napalm Records
Genre : Folk/ Thrash / Power Metal
01. Treasure Chest Party Quest
02. Fannybaws
03. Chomp Chomp
04. Tortuga
05. Zombies Ate My Pirate Ship
06. Call Of The Waves
07. Pirate’s Scorn
08. Shit Boat (No Fans)
09. Pirate Metal Drinking Crew
10. Wooden Leg Pt. 2 (The Woodening)
11. Henry Martin