Sabaton – Legends

Chronique de « Legends » nouvel album de Sabaton

La sortie d’un album de Sabaton est toujours un moment très attendu dans le monde du Power Metal. Auréolé d’une popularité qui le verra prochainement fouler la scène de l’Accor Hotel Arena de Paris, un exploit pour un groupe de Power en France, Sabaton va tenter de se hisser au rang des légendes dont il raconte les exploits dans ce nouvel opus…

En l’espace de six ans, avec deux albums grandioses, « The Great War » (2019) et « The War to End All Wars » (2022), auxquels se sont ajoutés deux EP, Sabaton a écrit les plus belles pages de sa carrière, en nous emmenant au cœur des batailles et des hauts faits de la Grande Guerre. Une période prolifique, marquée par des chansons devenues des classiques et conclue par une incroyable tournée en 2023 qui aura définitivement placé Sabaton comme le plus grand groupe de Power Metal actuel.

Aujourd’hui, le groupe quitte les tranchées boueuses pour proposer, dans le cadre de son onzième album studio « Legends », les portraits de onze figures historiques emblématiques, connues pour leur génie militaire, leur rôle dans l’histoire ou leur légende. Une formule qui s’éloigne donc de l’arc narratif sur la première guerre mondiale pour revenir à quelque chose de plus classique, comme c’était déjà le cas sur « Heroes » notamment.

Pour cette chronique, nous avons opté pour un découpage particulier : la première partie sera un avis sur chacune des chansons de l’album, tandis que la seconde servira de conclusion plus générale avec nos points positifs et négatifs.

« Legends », chanson par chanson

Pour ouvrir les hostilités, ce sont les templiers qui sont mis à l’honneur dans «Templars », premier single dévoilé par Sabaton, qui mise sur des chœurs magistraux pour apporter un souffle éminemment épique et sacré au titre. Choix judicieux qui fait de « Templars » un hymne à la hauteur des légendaires moines guerriers.

Sur « Hordes of Khan », on retrouve le style plus moderne du groupe, pour un morceau typiquement « Sabatonesque » du début à la fin, avec un refrain qui vise l’efficacité et qui là aussi retranscrit bien la puissance du grand guerrier Mongole.

Toutefois, le soufflet retombe sur le troisième titre, « A Tiger Amongs Dragons », consacré à Lu Bu, guerrier Chinois surnommé le « Général Volant ». Malheureusement, contrairement à Genghis Khan, notre ami hérite d’un titre mid-tempo qui reste très narratif et qui peine à décoller, malgré des arrangements de bonne facture.

Le faux-pas était en revanche interdit pour le prochain protagoniste, puisqu’il s’agit de Jules César en personne, homme politique et militaire parmi les plus connus de l’Histoire. La chanson relate la traversée du Rubicon et la prise du pouvoir par les troupes de César en 49 av. JC. On retrouve une nouvelle fois ici le style iconique de Sabaton, avec des claviers fortement mis en avant, des guitares ultra mélodiques et un refrain qui fait mouche. Jules César peut souffler.

A l’approche du cinquième morceau, notre petit cœur s’est arrêté de battre : «  I, Emperor » est en effet consacré au Français le plus connu au monde : Napoléon Bonaparte. Inutile de dire que la moindre faute de goût aurait condamné l’album tout entier.

« I, Emperor » possède une particularité : chantée à la première personne, la chanson voit Joakim Broden enfiler l’uniforme du général Bonaparte, ce qui lui apporte indéniablement un supplément d’âme et une approche plus personnelle du personnage. Avec sa rythmique très martiale et ses chœurs en soutien d’un refrain très conquérant, « I, Emperor » est un morceau puissant et clairement le plus réussi de l’album.

Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, c’est une autre figure de notre Histoire nationale qui est mise en avant sur « Maid of Steel », à savoir Jeanne D’Arc. La pucelle d’Orléans se voit affublée d’un morceau ultra Heavy, aux riffs taillés à la hallebarde. La aussi, Sabaton vise juste et fait preuve d’une énergie débordante et communicative.

« Maid of Steel » devrait figurer sans problème dans les futures setlists du groupe.

Changement totale d’ambiance pour le septième morceau, consacré à Vlad III, surnommé « L’Empaleur » et qui servira de modèle au célèbre personnage de Dracula. A l’image de sa vie façonnée par la réalité et le mythe, la chanson qui lui est dédiée oscille entre des couplets au rythme pesant et un refrain ravageur qui fait surgir la rage du protagoniste et de sa vie écrite dans le sang. Un morceau intéressant dont la structure n’est pas sans rappeler celle de « Bismark ».

Un autre illustre guerrier de l’Antiquité fait son apparition sur « Lighting at the Gates », qui revient sur l’incroyable avancée d’Hannibal, le général Carthaginois qui a mis en déroute l’armée romaine, en faisant notamment traverser les Alpes par ses éléphants de guerre. La chanson adopte d’ailleurs un rythme assez pachydermique, simplement relevé par une mélodie qui nous donne un petit air de déjà-vu (une sorte de « Keelhauled » d’Alestorm en moins rapide). Pas vraiment un hymne à la hauteur de son sujet.

« The Duelist » adopte en revanche un style bien plus tranchant, à l’image de l’épée du samouraï Miyamoto Musashi dont il est ici question. Sur cette chanson, on retrouve le son typique de Sabaton, avec des guitares qui prennent le lead et une structure classique, mais qui à fait ses preuves. Le genre de morceau que Sabaton pourrait composer indéfiniment.

« The Cycle of Songs » offre une approche plutôt différente du reste. Avec ses claviers qui lui donnent une petite vibe des années 80, le morceau est sans conteste le plus original de l’album, ne serait-ce que par son sujet, l’Egypte Antique, très peu abordé par Sabaton jusqu’à aujourd’hui. Encore une fois, le groupe fait parler son talent pour bâtir des refrains fédérateurs et installer une ambiance mystique parfaitement en raccord avec sa thématique.

Il était évidemment impossible pour Sabaton de ne pas parler de l’Histoire de son propre pays et c’est donc une chanson en Suédois qui vient conclure l’album. « Till Siger » est consacrée au roi Gustave II Auguste de Suède, un choix assez étonnant car le bonhomme a déjà une chanson qui lui est consacrée sur « Carolus Rex », « The Lion From the North ».

« Till Siger » s’offre une intro très solennelle avec ses orgues de cathédrales, qui laissent rapidement place à des claviers qui sonnent la charge dans un style très XVIIème siècle. Dans un registre beaucoup moins va-t-en-guerre que le reste, le titre offre une conclusion plus légère à un album très dense et sur lequel il y a beaucoup de choses à dire.

Un album solide mais sans grande surprise

Sortir d’une période aussi marquante et réussie que celle consacrée à la Première Guerre Mondiale était un véritable défi pour Sabaton. Pour réussir son pari, le groupe s’est reposé sur ce qu’il sait faire de mieux : aborder l’Histoire sous le prisme de ses grandes figures légendaires et en se basant sur son style si caractéristique et reconnaissable.

« Legends » est en effet un concentré de Sabaton : des claviers aux refrains en passant par les paroles, on navigue en terrain connu, parfois un peu trop. Si la plupart des chansons sont d’excellente facture, on a parfois l’impression d’écouter une réinterprétation d’un ancien morceau, avec beaucoup de similarités entre les samples. Un écueil commun pour les groupes à la personnalité musicale aussi prononcée.

Sabaton mise sa réussite sur sa faculté à proposer des refrains faciles à retenir et à chanter et qui vont surtout s’apprécier en concert, au détriment parfois du reste.

C’est d’autant plus dommage qu’en choisissant des légendes militaires et politiques venues d’Europe, d’Afrique ou d’Asie, Sabaton avait là le prétexte idéal pour agrémenter sa musique de sonorités propres à chaque pays, ce qui aurait permis de diversifier un peu plus l’album. On aurait pu par exemple imaginer des instruments ou des chœurs traditionnels Mongoles pour accompagner la chanson sur Genghis Khan ou des éléments « orientaux » sur « The Cycle of Songs ». Au lieu de ça, Sabaton a choisi de miser sur la sécurité et prend le contre-pied des légendes téméraires et intrépides dont il aime vanter les exploits.

Détails de l'album

Date de sortie :
17 octobre 2025
Label :
Better Noise
Genre :
Power Metal
Setlist :
01. Templars 02. Hordes Of Khan 03. A Tiger Among Dragons 04. Crossing The Rubicon 05. I, Emperor 06. Maid Of Steel 07. Impaler 08. Lightning At The Gates 09. The Duelist 10. The Cycle Of Songs 11. Till Seger

NOTRE AVIS

Avec « Legends », Sabaton fait du Sabaton. L’album comprend son lot de morceaux puissants et grandiloquents qui font mouche dès la première écoute. Comme toujours, un grand soin est apporté aux refrains et le talent du groupe en la matière n’est plus à démontrer. La production est solide, le style affirmé et l’ensemble est cohérent. Au registre des regrets, on peut légitimement reprocher à Sabaton de ne jamais chercher à s’éloigner de son fil conducteur ou de vouloir surprendre son auditoire. « Legends » est un très bon album mais il est vrai que nos attentes sont décuplées quand il s’agit de Sabaton et nous avons tendance à toujours en vouloir davantage. Peut-être un peu trop.
Composition
7
Arrangements
8
Écriture
8
AlexPMF
AlexPMF
Pirate des temps modernes chevauchant le monde sur son dragon, un violoncelle dans la main et une bouteille de bière dans l'autre. Mes références : Running Wild / Powerwolf / Gloryhammer / Rhapsody
Avec « Legends », Sabaton fait du Sabaton. L’album comprend son lot de morceaux puissants et grandiloquents qui font mouche dès la première écoute. Comme toujours, un grand soin est apporté aux refrains et le talent du groupe en la matière n’est plus à démontrer. La production est solide, le style affirmé et l’ensemble est cohérent. Au registre des regrets, on peut légitimement reprocher à Sabaton de ne jamais chercher à s’éloigner de son fil conducteur ou de vouloir surprendre son auditoire. « Legends » est un très bon album mais il est vrai que nos attentes sont décuplées quand il s’agit de Sabaton et nous avons tendance à toujours en vouloir davantage. Peut-être un peu trop.Sabaton - Legends