Sabaton était en concert à Paris au Zenith le 21 avril 2023.
Initialement prévu à la « Seine Musicale » en mars 2022, ce concert s’est finalement déroulé au Zenith un an plus tard. C’était d’ailleurs au même endroit que nous avions vu Sabaton pour la dernière fois en février 2020.
Depuis, les Suédois ont sorti un nouvel opus, « The War to End All Wars », mais en choisissant de rester sur la même période historique que sur l’album précédent, « The Great War », consacré à la Première Guerre Mondiale.
Dès lors, une question se pose : excepté de nouvelles chansons, Sabaton va-t-il vraiment proposer quelque chose d’inédit par rapport à sa tournée précédente ?
Un premier indice se trouve sur scène avec la présence d’une arche monumentale reprenant le nom de la tournée, « The Tour to End All Tours ». Il faut bien avouer que cela en jette, d’autant plus que l’arche changera de couleur en fonction des chansons : le drapeau Suédois sera ainsi à l’honneur sur « Carolus Rex », interprétée dans sa version originale, puis ce sera le tour du drapeau tricolore d’apparaitre lors de « The First Soldier », morceau dédiée au héros Français Albert Roche, joué pour la première fois en live, devant une partie de la famille invitée par le groupe.
Comme d’habitude, Sabaton profite de cette tournée pour jouer les classiques de sa discographie. Le show s’ouvre évidemment sur « Ghost Division » avant d’enchainer sur « Bismark » ou encore le plus inattendu « Into the Fire ». Le rappel quant à lui balance une dernière salve de trois cartouches avec « Primo Victoria », « Swedish Pagans » et « To Hell and Back ». Dans une ambiance de feu et un Zenith à guichets fermés, le public Français chante, tape des pieds et fait un boucan d’enfer, ce qui fera dire à Joakim Brodèn que ce concert est « dans le top 10 des concerts de Sabaton et que le public Français est le plus bruyant devant lequel il a joué ». On veut bien le croire.
La « Grande Guerre » comme toile de fond
Si les incontournables du groupe se montrent toujours aussi efficaces, la véritable force de ce concert est indéniablement la mise en scène des morceaux dédiés à la Première Guerre Mondiale et qui ont été intelligemment regroupés au milieu du show, pour former un tableau chronologique des événements. En commençant par le narratif « Sarajevo » puis en intégrant des morceaux piochés sur ses derniers albums mais également dans ses récents EPs, Sabaton nous a ainsi proposé une véritable fresque historique avec des comédiens en tenues d’époque venue personnifier les chansons et les textes. Sur le morceau « Father », un comédien joue le rôle du scientifique Fritz Haber, le « père » des gaz de combat, en pleine création de son arme tandis que sur le morceau suivant, « The Attack of the Dead Men », le groupe apparait affublé de masque à gaz pour raconter la terrible histoire de la forteresse d’Osoviets et ainsi faire le lien entre les deux titres.
Cette séquence incroyable de neuf chansons, comprenant également la reprise de Motörhead « 1916 », « The Red Baron » ou encore « Soldier of Heaven », se termine par l’émouvante « Christmas Truce », qui vient donc refermer ce chapitre consacré à l’un des conflits les plus marquants de l’Humanité.
Bien plus qu’un simple concert empilant les titres, nous avons donc assisté à un véritable spectacle reprenant certains aspects de l’Opera Rock. Grâce à ses décors, sa mise en scène et son interprétation, Sabaton vient de franchir un nouveau palier pour donner vie à ses chansons et proposer une expérience assez rare dans le monde du Metal. De quoi peut-être imaginer un jour un concert narratif complet, à l’image d’un « The Wall » des Pink Floyd ? Difficile à dire mais clairement, ce premier essai est une vraie réussite. Sabaton a le sens du spectacle et n’hésite pas à mettre les moyens pour se renouveler en permanence. Vivement la suite !