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Sabaton – The War To End All Wars

C’est la guerre qui mettra fin à toutes les guerres… Le nouvel album de Sabaton clos le chapitre de la Première guerre mondiale entamé 3 ans plus tôt avec « The Great War » (2019). Mais que vaut cette suite directe ? A-t-on affaire à une nouvelle démonstration du bulldozer Sabaton ou à un simple copier-coller du précédent opus ? Soldats, déposez les armes un moment, le temps pour nous de revenir sur cet excellent album qu’est « The War to End All Wars ».

Dans la lignée de « The Great War » (2019), Sabaton propose à ses régiments de fans un nouvel album sur le thème de la Première guerre mondiale. Depuis plusieurs années, l’annonce d’un nouvel opus de la bande à Joakim Brodén équivaut à un événement remarqué et remarquable. Cette année, les suédois ont proposé à leurs fans de découvrir « The War to End All Wars » la veille de sa sortie au Musée Royal de l’Armée et d’Histoire Militaire de Bruxelles. A titre comparatif, à l’époque de promouvoir « The Great War », Sabaton avait invité la presse au Mémorial de Verdun. Autant dire que la formation ne fait jamais rien comme les autres.

Porte drapeau de Nuclear Blast (sans doute le label le plus influent de la planète Metal), Sabaton est devenu une valeur sûre, au moment de sortir son 10ème opus.

La chronique

« Pendant des décennies, l’Empire Austro-Hongrois a été une influence puissante au cœur de l’Europe (…) Durant l’été 1914, l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche visite Sarajevo. (…) Deux coups sont tirés, et l’Archiduc est mort. L’Empire ne peut laisser ce crime impuni et la première déclaration de guerre est faite. ( …) La guerre commence ». C’est avec la même narratrice de « The Great War » (2019) que Sabaton décide d’ouvrir les hostilités en partant de l’événement déclencheur de la Première guerre mondiale. Les premières paroles de « Sarajevo » prennent la forme d’un chant militaire, très stricte, grave, une ambiance qui nous rappelle l’austérité d’une situation hors de contrôle. Nous sommes le 28 juin 1914, la guerre est déclarée.

Immédiatement, le rythme s’emballe au son de « Stormtroopers ». Le titre nous immerge dans cette nouvelle façon d’appréhender la guerre orchestrée par les Sturmtruppen de l’armée impériale allemande, autrement dit des troupes d’assaut, initiatrice de ce que l’on appellera plus tard la blitzkrieg. C’est un titre qui sort du lot, extrêmement énergique, et très bien mis en parole. C’est une perle du répertoire récent de Sabaton, magnifié par les lignes de guitare de Chris Rörland et par l’incontournable Tommy Johansson qui nous fait part de son talent de soliste sur ce titre.

L’album enchaine sur un environnement de combat très prisé dans l’inventaire de Sabaton : la mer et les océans. « Dreadnought » fait l’éloge des cuirassés de la Royal Navy, premiers navires de guerre propulsés par des turbines à vapeur.

Autre morceau qui sort du lot, « The Unkillable Soldier » glorifie la mémoire de Sir Adrian Carton de Wiart, général de division britannique, d’ascendance belge et irlandaise. Touché par balle (au visage, à la tête, l’estomac, la cheville, la jambe, la hanche et à une oreille), il survit également au crash de plusieurs avions, et s’évade d’un camp de prisonniers en creusant un tunnel. À la suite du refus d’un médecin de le soigner, il s’ampute lui-même de ses doigts à l’aide de ses dents. Dans ses mémoires, il décrit la Première guerre mondiale par la phrase suivante : « Honnêtement, j’ai apprécié la guerre ». Un soldat immortel à qui Sabaton rend un hommage puissant. Le titre est génial, magnifié par des chœurs qui prennent aux tripes, un Joakim Brodén très inspiré à l’écriture des paroles (aidé par Pär Sundstrom), et un solo efficace de Chris Rörland. Bref, un petit bijou et un excellent exemple de ce que sait faire Sabaton à son meilleur niveau.

« Soldier of Heaven » est un autre exemple du talent des Suédois, avec un refrain qui prend une tournure religieuse. Le titre nous emmène sur le front alpin. Au-dessus des Alpes, dans des circonstances extrêmes, les hommes se battaient et mourraient de froid. Encore aujourd’hui, leurs corps restent dans la neige. Ecrit par Pär Sundstrom, les paroles mettent l’accent sur la résiliation de ces soldats qui comprennent qu’ils ne rentreront jamais chez eux : « Le vendredi blanc, je prendrai l’escalier vers le ciel. Je suis haut comme les cieux, quand je meurs, je serai immortel. Pour toujours, je ne retournerai jamais à la montagne sanglante. Je suis le soldat du paradis ». Magnifique et poignant, sans doute le refrain le plus fort de cet album.

Premier coup de mou à l’écoute de « Hellfighters », un titre en deçà du reste qui s’attarde sur le 369e régiment, principalement formé de soldats afro-américains et portoricains, et qui n’étaient pas autorisés à combattre aux côtés des autres soldats américains. Soulignons tout de même le travail de Chris Rörland qui signe ici sans doute sa plus belle prestation de soliste.

« Nous gardons le Royaume libre ! ». C’est ainsi que débute « Race to the Sea » qui met en lumière la décision du roi Albert de Belgique d’inonder la dernière partie libre de son Royaume afin d’empêcher toute la Belgique de tomber aux mains des Allemands, en octobre 1914. Un titre majeur de l’album, très bien imagé par le clip qui l’accompagne où les membres de Sabaton évoluent sous les flots d’un barrage qui a cédé.

Nouvelle individualité honorée en la personne de Milunka Savić sur le titre suivant « Lady of the Dark ». Il raconte l’histoire d’une femme serbe qui a pris la place de son frère dans l’armée. Partiellement déguisée en homme, elle finira par figurer parmi les soldats les plus décorés de la Première guerre mondiale.

« The Valley of Death », un titre lui aussi un peu hors course, met en lumière la bataille de Doiran où les troupes bulgares se sont opposées à une plus grande force d’invasion britannique. Grâce à un commandement fort et à de fortes fortifications, ils ont pu tenir la ligne.

Nous nous rapprochons de la fin du voyage à travers l’Histoire avec l’hymne « Christmas Truce », premier single de l’album. Une merveille de composition, tant musicale que scénique au regard du clip fantastique qui l’accompagne. « Christmas Truce » raconte l’histoire très connue de la trêve survenue la veille de noël 1914. Après quatre mois de combat, dans le froid et la boue des tranchées, les soldats sont épuisés. Sur les lignes du front, le moral est au plus bas. En plusieurs points du front, les Allemands placent des sapins de Noël, avec bougies et lanternes, sur le parapet des tranchées de première ligne. Quelques soldats, britanniques et allemands, vont spontanément et sans autorisation, sortir de leurs tranchées avec des drapeaux blancs et fraterniser. Une situation incroyable, signe de la fatigue chronique d’hommes qui s’entretuent sans véritablement comprendre pourquoi. Un fait historique magnifiquement traduit en musique par Sabaton qui sort le grand jeu pour s’adjurer ici encore un morceau d’ores et déjà incontournable dans leur setlist.  

Enfin, « Versailles » vient mettre un point final au voyage alors que nous retrouvons notre narratrice. Quatre ans de guerre qui se termineront par la signature du Traité de Versailles, mettant ainsi fin au massacre de millions de soldats dans les deux camps. L’Allemagne capitule sans conditions. Cette fois c’est officiel, c’est la « der des ders » ! Plus jamais ça… Mais une guerre peut-elle mettre fin à toutes les guerres ? D’abord composé comme un chant militaire de victoire, « Versailles » est une composition aux deux visages qui fait retomber brutalement l’auditeur dans l’ambiance pesante de « Sarajevo ». Aucune guerre n’est capable de mettre fin à toutes les guerres… Une composition savamment écrite qui boucle la boucle. L‘Histoire n’est qu’un éternel recommencement…

Sortie : 4 mars 2022
Label : Nuclear Blast
Genre
: Power Metal

  1. Sarajevo
  2. Stormtroopers
  3. Dreadnought
  4. The Unkillable Soldier
  5. Soldier Of Heaven
  6. Hellfighters
  7. Race To The Sea
  8. Lady Of The Dark
  9. The Valley Of Death
  10. Christmas Truce
  11. Versailles

NOTRE AVIS

Comme le bon vin, Sabaton se bonifie avec le temps. « The War to End All Wars » s’inscrit dans la parfaite continuité de son prédécesseur sans pour autant tomber dans une certaine redondance souvent reprochée à la formation. Alors oui, le style de Sabaton est reconnaissable entre mille. Pourtant, un « The Last Stand » (2016) est largement dissociable d’un « Heroes » (2014) ou d’un « The Great War » (2019) pour ne parler que des dernières productions des suédois. La force de Sabaton est de savoir se renouveler tout en restant fidèle à son style. « The War to End All War » prouve que Sabaton n’est pas une parodie de lui-même, ce qui n’est pas chose aisée après 10 albums et plus de 20 ans d’expérience. Cet opus, en plus de nous faire une fantastique leçon d’Histoire, nous tient en haleine et parvient largement à nous prendre par les sentiments. Sabaton, définitivement les meilleurs de la discipline à l’heure actuelle…
Composition
8
Arrangements
9
Écriture
9
FabPMF
FabPMF
Né d’un amour interdit entre un conteur nain et un dragon femelle, je n’ai jamais cessé de me passionner pour les Histoires épiques de l’Humanité qu’elles se soient produites sur notre monde ou dans les grimoires de l’enchanteur Eusæbius… Mes références : Sabaton / Helloween / Blind Guardian / Demons & Wizards

1 COMMENTAIRE

  1. J’adore Sabaton et même si je trouve en cet album de belles perles (christmas truce, soldier of heaven, stormtroopers entre autres…), des solis toujours aussi mélodieux et inspirés, des arrangements bien léchés, on retrouve tout de même un peu trop de “facilité” dans ces compositions sans réelles surprises. Sur le précédent album, on avait déjà cette impression, des titres d’une durée de 3.40 mn, intro, couplet pré-chorus, chorus, solo, petit interméde, refrain x2, fin… Les structures sont trop souvent les mêmes, Sabaton ne s’aventure pas au-delà de ses bases et cet album est bien en deçà du précédent qui n’avait pas vraiment de titres “faibles”.. Ici, on a quand même des titres qui sont loin d’être au niveau des dernières productions du groupe. “hellfighters” et “valley of death”, et 2 titres “sarajevo” et “versailles” qui ne sont qu’un seul et même titre réarrangé pour donner une “intro” et une “outro” à l’album. On est loin du compte cette fois-ci. cet album me laisse sur ma faim contrairement à leur dernières production…

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Comme le bon vin, Sabaton se bonifie avec le temps. « The War to End All Wars » s’inscrit dans la parfaite continuité de son prédécesseur sans pour autant tomber dans une certaine redondance souvent reprochée à la formation. Alors oui, le style de Sabaton est reconnaissable entre mille. Pourtant, un « The Last Stand » (2016) est largement dissociable d’un « Heroes » (2014) ou d’un « The Great War » (2019) pour ne parler que des dernières productions des suédois. La force de Sabaton est de savoir se renouveler tout en restant fidèle à son style. « The War to End All War » prouve que Sabaton n’est pas une parodie de lui-même, ce qui n’est pas chose aisée après 10 albums et plus de 20 ans d’expérience. Cet opus, en plus de nous faire une fantastique leçon d’Histoire, nous tient en haleine et parvient largement à nous prendre par les sentiments. Sabaton, définitivement les meilleurs de la discipline à l’heure actuelle…Sabaton – The War To End All Wars