Interview avec Avaland

Ce soir-là, nous étions partenaire média lors du concert d’Avaland en novembre dernier à Paris. Après le show, nous avons pu obtenir une inteview avec le groupe. Merci à Adrien et Jeff, puis Léo qui nous a rejoints à la toute fin, pour avoir répondu à nos questions malgré le peu de temps accordé devant eux !

Interview réalisée le mercredi 27 novembre 2024 à Paris au Backstage by the Mill.

(Re)Lire notre live-report : Avaland à Paris.

1/ Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder Avaland ? Et pourquoi s’être orienté vers un concept « Metal Opera » à la manière d’Avantasia ?

Adrien : il y a déjà un bout de réponse dans la question. Je suis un grand fan d’Avantasia, même de Tobias Sammet en général, de tout ce qu’il a fait.

Je suis aussi fan d’Ayreon, un autre « Metal Opera » plus orienté Prog.

J’avais déjà envie de faire ce truc bien grandiloquent avec plein de chanteurs. Il y a cette notion de partage qu’on retrouve aussi sur scène. Quand j’ai vu Avantasia la première fois en live, ça m’a vraiment poussé à vouloir faire ça.

Après nous avec Avaland on essaie d’être avant tout un groupe, avec une notion de plus à chaque fois.

Jeff : il y a un côté limitant chez Avantasia auquel on ne voulait pas s’arrêter de notre côté, c’est le fait de composer sous de forme de saga.

Adrien a pensé ses albums comme une saga, avec des temporalités et des chronologies qui ne se suivent pas forcément. Par exemple, le premier chapitre de l’histoire c’est « Theater Of Sorcery » alors que le deuxième album c’est le préquelle. Le troisième album qu’on est en train de préparer c’est le chapitre 4.

Ce qui est intéressant, c’est que ça suit vraiment la trame narrative et dramatique autour des personnages. Tout se passe autour d’Adrien lui-même en tant que compositeur et artiste. Il y a des chapitres qu’il n’évoque pas tout de suite car il attend d’atteindre une certaine maturité pour parler de certains sujets.

C’est pourquoi sur le premier album, il y a un côté naïf très premier degré, très instinctif. La plupart des morceaux, Adrien les a composés quand il avait 16 ans.

Adrien : oui, et sur le deuxième album il y a des morceaux qui ont été composés deux ans avant la sortie. Pour le troisième, il y aura aussi des compos qui remontent un peu. Le but c’est aussi de choisir des compos qui suivent le mieux l’histoire.

Certes, je suis le compositeur principal, mais depuis on a quasiment été tous les cinq ensemble, on travaille ensemble. Il y a eu des petits changements de line-up au début, mais depuis que ces gars sont autour de moi ils ont aussi amené leur patte et amené à rendre ça plus cohérent. La part de maturité pour Avaland est aussi grâce aux autres membres.

L’ordre aléatoire en termes de chronologie réside dans ce que moi j’ai envie de raconter. La notion d’apprentissage personnel est assez centrale. Le premier album c’est se trouver soi-même, le second c’est s’assumer (qu’est-ce que je dois faire et ne pas faire ?) et donc c’est la notion des responsabilités.

Avaland c’est aussi apprendre, et j’essaie de mettre tout ce que j’apprends dans ces histoires. Et chacun met un peu du sien.

2/ Vous écrivez toujours vos histoires à partir d’histoires vraies ?

Jeff : Un petit peu, après on a tous notre tempérament. Adrien est quelqu’un qui aime bien crypter les messages et en réalité dans les textes il y a beaucoup de lui. Après quand on le connaît c’est plus évident bien sûr.

C’est Freddie Mercury qui disait qu’il ne voulait jamais expliquer ses textes pour que les gens puissent se les approprier. Dans le Power Metal, il y a un peu ce côté porteur, on a envie de se libérer, de dégager une énergie positive, de se nourrir de ça.

Bon nous il n’y a pas de dragons, mais j’en apprends, on se nourrit de ça et on a envie de transmettre du bonheur autour de nous. Quand on joue des morceaux comme « Out of the Fog » par exemple, qui ont un côté donnant l’idée de « après la pluie vient le soleil », c’est aussi important pour nous.

Adrien : Pas encore, il y en aura des dragons ! Même si on joue des personnages, il y a une vraie sincérité dans l’interprétation sur scène. Et on essaie de mettre cette sincérité dans l’album, des fois ça nous joue des tours en studio ! Même si on joue des personnages, il y a quand même un reflet de sincérité pour chacun d’entre nous.

3/ D’où vient le nom d’Avaland ?

Adrien : ça vient d’Avalon, c’est juste le nom d’Avalon réinventé à ma façon. J’aimerais bien apporter des éléments visuels comme des cartes pour expliquer géographiquement les histoires d’Avaland.

On aimerait apporter des univers type un peu jeux de rôles, développer le lore car il y a un public à aller chercher là-dedans. Nous on est des fans de ce genre d’éléments, que ce soit Games of Thrones, Harry Potter… Il y a certes une histoire mais il y a tout un univers autour.

On veut attirer un large public autour de cet univers, pas forcément des métalleux mais aussi des fans de cet univers, quelque chose de plus mélodique. Il y a Naheulband et Magoyond qui ont fait ça, en jouant autour de leur univers avec un côté comédie musicale.

4/ Quelles sont vos influences principales ?

Jeff : on est cinq à venir d’univers musicaux assez différents. On se retrouve tous les cinq grâce au Power Metal mais on n’aime pas tous les mêmes choses en Power. Avec Léo on est des gros fans d’Helloween.

Lucas est passé par Angra, jusqu’à aller vers Yngwie Malmsteen et le Death Metal technique. D’ailleurs Lucas prépare un EP instrumental autour du Death technique et du style néoclassique, on pourrait dire du « tech Death Bach » ! Cela s’appelle « Seventh Wars Of Mercy » et je pense sincèrement que ça change de jeu niveau guitare, il est juste trop fort.

Camille il a grandi avec le Heavy traditionnel et Iron Maiden. C’est aussi un grand fan de Yes et ça va se regrouper avec Adrien qui aime le Rock Progressif.

Adrien : oui tout à fait alors déjà je le redis mais Avantasia et Ayreon je les mets dans le même bain tous les deux ils m’ont clairement influencé et ça se ressent avec Avaland. Alan Parson’s Project pour ce qui est du Rock Progressif, car pour moi c’est un des premiers à avoir ajouté la musique symphonique dans la musique Rock, et il a un vrai savoir-faire car il a été ingé son pour du Pink Floyd, les Beatles, que des grands noms.

Une autre influence en ce qui me concerne est franco-française, c’est Jean-Jacques Goldman. Notamment pour ce qui est des mélodies, je suis extrêmement fan.

Voilà je retrouve des influences Prog, avec Camille je partage le Jazz mais aussi Jet.

Jeff : nous on s’est rencontrés autour de Savatage en fait, quand Adrien jouait dans Amon Sethis avant.

Cela ne comble pas tout car en Power j’adore Helloween, mais pour moi Blind Guardian c’est le top du top. Je ne pourrais pas compléter le tableau sans parler de Queen.

Adrien : on est fans de musique en fait tout simplement.

Jeff : tout à fait. Je viens du chant lyrique et j’écoute beaucoup de styles aussi pouvant aller du Rock à la variété, à la Funk etc.

5/ Pour quand est prévu le prochain album ? Pour 2025 ?

Adrien : l’enregistrement est prévu pour printemps 2025 avec Joost van den Broek, qui fait le clavier live pour Ayreon, qui vient d’enregistrer il n’y a pas longtemps Epica et Powerwolf. Pour nous c’est un grand pas, c’est un peu de pression aussi de travailler avec un mec qui a autant d’ampleur, qui a cette carrière-là, il faut qu’on fasse bien les choses.

Mais il nous guide, autant qu’il peut pour améliorer les compos et aller dans le bon sens, assumer ce lore Metal Opera, comédie musicale, amener de la théâtralité, du narratif sans même parler de l’histoire mais de la musique en elle-même.

Si je veux compter large, début ou printemps 2026 on sortira l’album.

Aussi, il y aura un album live à venir. On vient de faire plusieurs concerts plutôt sympas et on en a profité pour enregistrer donc il sortira d’abord. Lui on espère le sortir début 2025.

6/ D’ailleurs en parlant de live, ça fait quoi d’avoir fait la première partie de Rhapsody Of Fire ?

Adrien : c’était incroyable. Aujourd’hui encore on dirait que c’est un rêve lointain. C’est une tournée qui s’est extrêmement bien passé, ça a été à la fois très long et très court.

Cela reste un groupe très fort, si on peut retourner les voir on retournera les voir. Il y avait aussi le groupe tchèque Symphonity qui a tourner avec nous, c’était la petite famille de 20 personnes pendant une dizaine de jours, avec des histoires folles, rigolotes ou moins rigolotes.

Mais oui ça a vraiment été un moment énorme et aujourd’hui je le place encore entre le rêve et la réalité.

Jeff : en ce qui me concerne ça a été une très grosse expérience. C’est vraiment quelque chose, Rhapsody j’écoute ça depuis les années 2000 et même Symphonity je les écoute depuis leur premier album.

Je ne pensais pas qu’on pouvait devenir potes avec des gens comme ça, et en fait si et ça va très loin parce que ce sont des membres de groupes, c’est aussi tout le crew, Giuseppe Orlando le batteur de The Foreshadowing qui était l’ingé son de la tournée, les chauffeurs de tour bus aussi.

Adrien : il y a une semaine il y avait Evergrey qui jouait à Paris, et le chauffeur du bus c’était un des chauffeurs qu’on a eus avec Rhapsody. Le revoir c’était ultra sympa.

Même le tour man c’était celui qu’on a eu durant la tournée avec Rhapsody Of Fire. On garde des liens très forts, je les ai revus au Hellfest, on a passé un long moment ensemble.

Jeff : si vous n’avez jamais vu Giacomo Voli imiter Ozzy Osbourne, c’est priceless ! Ce sont des choses que les gens ne voient mais que nous on a en mémoire.

Adrien : même en tournée on arrive à voir des choses incroyables. Ce soir on a eu un fan qui est venu d’Allemagne exprès pour nous voir, qui nous a suivi sur la tournée de Rhapsody. Sur le plan humain c’est quelque chose d’énorme.

7/ Est-ce que vous pensez avoir de plus en plus de guests différents au fil des albums ? Même des plus connus ?

Jeff : sur le premier album on en avait beaucoup. Le développement du projet était ce qu’il était.

On a produit une team live pour pouvoir produire le côté Metal Opera/comédie musicale en live. On s’est produit là avec Sophie Yanelli et la chanteuse d’Orkhys Laurenne.

Les derniers concerts qu’on a faits on était cinq chanteurs, du coup la théâtralité était vraiment exacerbée.

On se concentre plus sur les rôles, quel meilleur choix est à attribuer. Si c’est quelqu’un de connu alors ce le sera, et s’il est moins connu alors pas de soucis aussi. On a besoin d’avoir la bonne vibe, le bon sentiment.

Adrien : ça reste une histoire, avec des personnages qui ont des caractères différents. Il faut que ces caractères différents collent à certaines voix, par exemple on ne fera jamais jouer le même rôle à Bruce Dickinson et à Till Lindemann, c’est très gros comme exemple mais l’idée est là.

On va chercher la pertinence de la voix par rapport au personnage qu’on veut.

8/ Est-ce que vous pensez qu’Avaland pourrait grandir encore plus ? Même à l’étranger ?

Adrien : ça ne dépend pas que de nous mais c’est un objectif. Avaland c’est un groupe qui s’auto-produit en réalité, même ce soir on a nous-mêmes produit la date. C’est de l’investissement, s’exporter à l’étranger je dis oui après il faut qu’on veuille de nous. Il y a des endroits où on sera bien accueillis je sais.

Avaland a pour but de grandir, en faisant les bonnes choses, et le plus dur c’est de ne pas griller les étapes.

9/ Comment est-ce que vous vous êtes tous rencontrés ?

Adrien : alors il faut savoir qu’on s’est tous rencontrés autour d’Avaland. Avec Jeff on s’est rencontrés quand je jouais avec Amon Sethis, on s’est entendus sur du Savatage, on a chanté du Savatage et on a créé une amitié comme ça.

Léo on s’est rencontrés dans un magasin de Metal à Grenoble, paix à son âme d’ailleurs il a fermé !

Avec Lucas, on s’est rencontrés en fac de musicologie.

Camille on jouait dans un groupe ensemble, c’était un peu une blague ce groupe mais ça reste un bon souvenir.

10/ Comment décrire le style d’Avaland ? Un groupe de Power Symphonique ?

Léo : alors si je peux me permettre, la notion de « groupe » a longtemps été un débat.

Au départ on se qualifiait de Metal Opera, ce qui était le vœu d’Adrien, puis après on s’est rendus compte qu’on était un groupe car finalement l’atmosphère gravitait autour des cinq mêmes personnes.

On s’est beaucoup posé la question là-dessus, surtout Adrien car il a mis une bonne partie de sa personnalité dans le projet. Il en est le mastermind comme on dit. Mais il y a quand ce projet de groupe avec le noyau central de nous cinq, qui reste et qui demeure fixe.

Adrien : on est un peu les deux en fait, à la fois Metal Opera et un groupe. C’est la différence avec Avantasia ou Ayreon.

Pour le style, oui ça colle bien. Certains diraient qu’on est trop Sympho pour être du Power, ou à l’inverse trop Power pour être du Sympho. Certains diront même qu’on n’est pas assez Metal pour être du Metal, ou alors trop Metal.

En tout cas Avaland c’est Avaland. Dans les grandes lignes oui c’est du Power Symphonique, teinté de Prog on pourrait ajouter car on est tous fans de Prog. C’est un groupe où beaucoup de gens peuvent trouver leur compte. C’est un peu le même débat avec Ghost. C’est du Metal ou non ? Peu importe, c’est bien, on aime ou n’aime pas, ce qui compte.

Résumé

BenPMF
BenPMF
Musicien à ses heures perdues passionné de Power, les mélodies et orchestrations épiques illuminent son bonheur. Ce barde des temps modernes puise son inspiration du côté de Helloween et de Gamma Ray sous un air joyeux de Freedom Call. Son univers s’élargit aussi autour des contrées imaginaires de Stratovarius, Dragonforce, Avantasia, Rhapsody, Blind Guardian… Et bien d’autres encore !