Avec “Master Of Illusions”, leur cinquième opus paru au mois de mars dernier, les Allemands de Tragedian ont dévoilé leur meilleur opus sans le moindre doute. Gabriele Palermo, guitariste du groupe, a répondu à nos questions sur l’album, le groupe etc. Mais aussi en donnant son opinion sur l’histoire du Power Metal à Hambourg !
Interview réalisée en août 2023.
[LIRE NOTRE CHRONIQUE DE “MASTER OF ILLUSIONS”]
1/ Quelle est la relation entre Hambourg et le Power Metal ? Hambourg est-elle une ville spécifique pour la création musicale ?
Hambourg et la musique c’est une grande histoire. C’est une ville très vivante pour la culture et surtout pour la musique. Premièrement c’est à Hambourg que le premier concert des Beatles a eu lieu, au Star-Club, le plus illustre temple du Rock ‘n’ Roll durant les années 1960. Cette salle est devenue mythique après le premier concert des Beatles, beaucoup d’artistes et de groupes y ont joué ensuite tels que Cream, Jimi Hendrix et même Black Sabbath !
Encore aujourd’hui il y a pas mal de Blues jam, Beaucoup de Rock café etc.
Pour la petite anecdote, Ritchie Blackmore, le premier guitariste de Deep Purple, a vécu à Hambourg dans les années 1960 et s’était marié avec une allemande avec laquelle il a eu un fils. Les premiers albums de Deep Purple étaient enregistrés à Hambourg.
Pour ce qui est du Power Metal, ça fait sens pour moi qu’un genre musical soit né à Hambourg. Puisque c’est une ville très vivante musicalement, c’était très probable qu’un genre musical allait naître au sein de cette ville.
Alors en réalité, nous écrivons plus ou moins la musique et les mélodies avant les paroles donc on ne peut pas vraiment dire que nous avons été influencés par nos paroles.
2/ Hambourg se distingue par la présence de multiples studios de production. Cette présence permet-elle à des groupes locaux de se lancer plus facilement dans cette aventure ?
Oui comme il y a beaucoup de studios ça facilite la tâche donc c’est une chance pour beaucoup.
Comme je viens de le dire juste, les premiers albums de Deep Purple ont été produits à Hambourg, comme Ritchie Blackmore vivait à l’époque dans cette ville.
A Château du Pape (H.O.M.E. Studios), Helloween enregistre encore leurs albums (le dernier il y a 2 ans a été enregistré là).
Mark Fraser, partenaire de gestion et manager pour des groupes, vient aussi de Hambourg.
3/ Hambourg possède un port fluvial important. Y a-t-il un imaginaire viking, d’ouverture vers la mer, qui permet de construire des histoires de pirates et d’aventures maritimes ?
Définitivement oui je dirais, après on imagine encore plus loin que le port (la mer par exemple)… Pour Terra Atlantica oui ça apporte beaucoup en tout cas.
4 / Les groupes de Power Metal venant de Hambourg semblent se caractériser par une influence Speed bien marquée. L’influence de Helloween en serait-elle la raison ? Y a-t-il selon vous une identité propre aux groupes de Power Metal d’Hambourg ?
Kai Hansen est grand fan de Judas Priest donc le côté Heavy Speed ressort forcément. Dans les années 1980, Iron Maiden était ensuite tout le temps écouté à Hambourg.
Le premier album « Walls Of Jericho » de Helloween décrit bien le genre, il a marqué les bases de ce qu’allait devenir le Power Metal, et oui il a beaucoup influencé les autres groupes d’une certaine manière.
5/ Est-ce que les artistes de Hambourg qu’ils fassent du Metal ou non, ont conscience de l’importance du Power Metal dans cette ville ?
C’est plus que de la musique là-bas, c’est un mode de vie. De manière générale la musique est un mode de vie, donc le Power Metal aussi.
6/ Est-ce que le fait qu’il y ait autant de groupes de Power Metal a amené à faire des festivals ou évènements particuliers autour du Power Metal à Hambourg ?
En 2003/2004 il y a eu un déclin du genre, c’est là qu’on a commencé à avoir moins de groupes.
Il y a eu un événement d’un jour où Terra Atlantica et Induction y ont joué, mais il n’y a jamais eu de festival…
7/ Helloween a marqué la naissance du Power Metal, cette nouvelle vague s’est d’emblée suivie avec Gamma Ray, Running Wild et Blind Guardian. Ces groupes vous ont-ils influencé pour créer Tragedian ?
Oui pour Helloween et Gamma Ray, les deux « Keepers Of The Seven Keys » m’ont beaucoup influencé. Comme vous le savez, je vivais aux Etats-Unis avant, je suis arrivé à Hambourg en 2000. Avant que je m’installe dans la ville, je n’écoutais pas ou très peu les groupes américains du mouvement US Power Metal (le mouvement similaire à la NWOBHM regroupant cependant des groupes de Heavy à tendance Speed américains) à l’exception de Fifth Angel. J’écoutais surtout les groupes européens mais les albums de ces groupes n’étaient pas forcément importés dans notre continent, par exemple, pour Helloween, seulement les deux « Keeper » étaient dans les magasins à cette époque.
L’album « Return To Heaven Denied » de Labyrinth a été la grande révélation pour moi, c’est en écoutant cet album que, d’emblée, je me suis dit « c’est ça que je veux faire, je veux jouer ce type de musique ! ».
Après j’aime beaucoup aussi Yngwie Malmsteen, Deep Purple, Rainbow, Yes, Stratovarius, Hammerfall… Ce sont des groupes qui m’inspirent également.
8/ Nous pensons que le dernier album « Master Of Illusions » est le meilleur album de Tragedian, quel est le ressenti du groupe à travers la conception de cet album ?
On distingue un son différent à chaque morceau, une meilleure qualité de son que les albums précédents aussi, nous en sommes très contents.
Pour info, le morceau « Freedom » est considéré par beaucoup de notre entourage comme notre « Eagle Fly Free » (Helloween) à nous. Quand j’ai fait écouter l’album à Kai Hansen, il a dit que ça lui rappelait beaucoup « Heaven Can Wait » (Gamma Ray), par rapport au caractère du morceau mais notamment sur le pont où c’est plus lent. Je lui ai répondu que, comme je suis fan de ce qu’il fait, ce n’est pas étonnant (rires).
9/ Y a-t-il eu des difficultés particulières quant à la conception de l’album ?
Oui un jour on a eu un problème d’enregistrement, le premier studio dans lequel on a enregistré le résultat ne correspondait pas à mes attentes, c’était plat… On était 2ème sur la liste de Pride & Enjoy Music alors on était pas mal pris par le temps… Heureusement un ami m’a prêté un studio et j’ai tout fait de moi-même en 24h.
10/ Un ou plusieurs albums coups de cœur lors de ces derniers temps ?
Beast In Black est vraiment le groupe que je n’arrête pas d’écouter, car je trouve ça encore mieux que Battle Beast quand on sait que c’est l’ancien guitariste de ce groupe qui a fondé Beast In Black. J’en ai discuté avec Kai Hansen et lui-même adore ce groupe, on a acheté le premier album en même temps sans qu’on se concerne (rires).
Sinon si je devais en citer un autre, je dirais Butcher Babies, j’aime bien ce qu’ils font aussi.
11/ Qu’est-ce que le Power Metal pour Tragedian ?
Pour moi, c’est une extension de ma personnalité, depuis le jour où l’album « Return To Heaven Denied » de Labyrinth m’a marqué.
Concernant la définition du genre, le Power c’est très rapide, très énergique, ça apporte de la bonne humeur, une bonne ambiance, ça nous met dans un bon mood peu importe comment on démarre notre journée.
12/ Une dernière chose à ajouter ?
Dans ma vie, j’ai rencontré quasiment tous mes artistes préférés, Iron Maiden, Yngwie Malmsteen etc. Mais je n’ai toujours pas rencontré Ritchie Blackmore et j’aimerais tellement, il m’a beaucoup inspiré et j’aimerais bien le rencontrer au moins une fois, je mourrai heureux (rires). Son fils vit toujours à Hambourg et il envoie chier tous les gens qui lui demandent « ça fait quoi d’être le fils de Ritchie Blackmore ? » (rires).
Au passage, je souhaite te dire merci pour la chronique sur notre dernier album, j’avais très bien dormi le soir après l’avoir lue (rires).
Un grand merci d’avoir proposé de faire cet interview, merci à tous les fans français de nous suivre, nous aimerions tellement passer en France pour jouer et nous essaierons prochainement !