Battle Beast sort son 6ème album intitulé « Circus of Doom ». Plus que jamais la tornade finlandaise, qui nous avait semblé si prometteuse, semble définitivement en panne d’inspiration. Usant d’une facilité de composition et cédant aux sirènes du tout commercial, Battle Beast trébuche une nouvelle fois… Chronique.
Un expert nommé Anton Kabanen …qui manque cruellement à Battle Beast
En 2013, une petite bombe musicale nous venant tout droit de Finlande suscite curiosité et espoir de la part de toute une communauté Power métalleuse. Battle Beast dévoile alors son second album au titre éponyme. Un album qui est désormais un classique dont on ne compte plus le nombre de tubes : Let It Roar, Out of Control, Kingdom, Black Ninja. Tout laisse présager que le groupe va se hisser parmi les plus grands et va en inspirer plus d’un avec leur Power metal aux sonorités heavy et le chant hargneux et bestial de sa frontwoman Noora Louhimo.
« Unholy Savior », troisième album du groupe sort en 2015 et conforte la bonne dynamique de Battle Beast dont la conception et l’écriture sont supervisées par Anton Kabanen. Le guitariste avec sa plume parvient à écrire des textes percutants et fédérateurs qui restent dans la tête.
L’aventure Kabanen – Battle Beast se termine en 2015 sur fond de divergences musicales mais aussi de tension avec les autres membres du groupe. Kabanen, forcé de quitter le navire, rejoint un autre groupe de Power metal (très) talentueux, Wisdom, avant de fonder avec un autre membre de Wisdom, le puissant Beast in Black.
Ce jeu de chaises musicales voit ainsi le compositeur principal de Battle Beast partir du groupe, laissant un grand vide. Si « Bringer of Pain » en 2017 est un album solide avec de très bons titres comme King for a Day ou Familiar Hell, « No more Holliwood Endings » de 2019 est une énorme déception. Le groupe délaisse le côté Heavy de ses titres pour un côté plus lyrique et symphonique à la Nightwish.
Les membres de Battle Beast
Une tournant symphonique et commercial
Rien n’est immuable, tout est amené à changer. Les « concurrents » de Beast in Black l’ont démontré avec leur dernier album « Dark Connection » de 2021, qui laissait la part belle aux synthés et à des arrangements résonnant comme les années 80. Un pari risqué mais réussi pour Beast in Black qui a pu s’appuyer sur une réelle qualité d’écriture et compter sur un chanteur de haute volée.
Battle Beast à l’inverse s’enfonce dans une facilité d’écriture et un chant qui perd de la puissance. Où sont donc passé les rugissements de Noora Louhimo, sa niaque, son timbre de voix énervé mais également mélodique qui faisaient les grandes heures du groupe ? Les finlandais délaissent les sonorités heavy et la puissance des guitares pour des claviers et une voix lyrique à la Tarja Turunen (chanteuse de Nightwish).
Le groupe confirme avec « Circus of Doom » un (mauvais) tournant symphonique, loin d’être au niveau d’un groupe comme Rhapsody of Fire qui parvient avec des éléments symphonique à nous présenter un caractère épic et fantastique, totalement absent avec Battle Beast. Les finlandais et leur nouvelle ligne symphonique et commerciale devrait satisfaire les partisans d’un Power metal moderne aux accents pop.
Une absence de titres marquants
Battle Beast opère donc sur une ligne musicale différente de leur début. Un changement qui s’accompagne d’une production qui ne fait pas de vague. Certes, elle est efficace mais ne se démarque pas pour autant par son originalité. Si les finlandais parvenaient à dégager des titres phares sur chacun de leurs premiers albums, c’est moins le cas avec ce nouvel opus. Difficile à la fin de son écoute de trouver LE titre majeur de « Circus of Doom« . Freedom parvient à retenir l’attention avec son rythme et sa construction. « Wings of Light » s’avère plutôt plaisant avec son avalanche de claviers et son côté pop dansant.
« Master of Illusion« , sa musique conquérante et son rythme élevé nous rappel que Battle Beast est tout à fait capable d’écrire des titres efficaces qui ne manque pas de caractère. Un bon point également pour « Armageddon » qui sans être original parvient néanmoins à nous tenir en haleine avec son rythme effréné.
« Eyes of the Storm »à l’inverse n’est franchement pas une réussite. Battle Beast tente de nous embarquer dans l’œil de sa tempête avec son ambiance inquiétante mais tombe à plat par une musique prévisible et un chant froid qui n’est guère convaincant.
Sans être mauvais, « Circus of Doom » nous laisse néanmoins un goût amère. Nous sommes loin des grands heures de Battle Beast, capable de nous balancer des titres surprenants et d’une grande intensité. Le groupe semble en tout cas tourner définitivement cette page : celle d’un Power/Heavy dont le symbole était la chanson « Black Ninja » qui a fait la renommée du groupe. Dans une interview récente, les finlandais ont exprimé leur lassitude avec ce titre, preuve s’il en est que le groupe tourne une page. Dommage, nous ne sommes pas convaincus.
Sortie : 21 janvier 2022
Label : Nuclear Blast
Genre : Power Metal moderne
- Circus of Doom
- Wings of Light
- Master of illusion
- Where Angels Fear to Fly
- Eye of the Storm
- Russian Roulette
- Freedom
- The Road to Avalon
- Armageddon
- Place That We Call Home