A l’occasion de la sortie de “Osyrhianta”, 4ème album de Fairyland, nous nous sommes entretenus longuement avec Philippe Giordana, co-fondateur et compositeur du groupe. L’occasion pour nous de revenir sur la longue période d’absence et le retour en force du combo Français !
Interview réalisée par Skype le mardi 23 juin 2020
1- Fairyland fait son grand retour, 11 ans après avoir sorti son dernier album. Comment gérer une si longue période d’absence et continuer malgré tout de maintenir une proximité avec les fans ?
Principalement via la page Facebook de Fairyland ou nous donnions des infos sur l’avancement de l’album, des petits extraits, etc. Nous avons essayé de faire durer l’intérêt des fans de cette façon et apparemment ça a marché.
2- La composition de “Osyrhianta“ semble avoir été un processus long, à une époque où les groupes ont tendance à sortir des albums plus souvent et à des rythmes réguliers. Quel est ton avis la dessus ?
Au début, nous avions un rythme d’un album tous les trois ans. C’était le temps qu’il nous fallait pour composer l’album et le mettre en boite, ce qui était pas trop mal. Après la sortie de “Score to a New Beginning” en 2009, on a eu quelques petits changements de personnel, familiaux, des enfants, des mariages… ce qui a pas mal ralenti le processus. Une fois en possession des démos, nous avons cherché du personnel pour faire cet album, et notamment un chanteur.
3- Justement, comment Francesco Cavalieri (chanteur de Wind Rose) est arrivé dans le groupe ?
Francesco nous a contacté en 2015 pour savoir si nous avions besoin d’un chanteur. A l’époque, “Wind Rose” en était encore à ses débuts. Il m’a envoyé une vidéo sur Youtube ou il faisait une reprise de Symphonie X : “Paradise Lost”. Tout de suite, je me suis dit “C’est lui qu’il nous faut !”.
Seulement, Wind Rose a bien décollé depuis. Ce qui veut dire que Francesco va être moins disponible pour la tournée prévues. Ce sera donc Elisa C. Martin (chanteuse sur le 1er album de Fairyland et qui est en guest sur “Osyrhianta”, ndlr) qui nous accompagnera sur la prochaine tournée.
4- Est-ce que cela veut dire que Fairyland est un « vrai » groupe aujourd’hui ou c’est toujours un projet solo avec des guests comme c’était le cas sur “Score To A New Begining” (2009) ?
Oui c’est un vrai groupe avec une base de quatre : Willdric Lievin (basse), Sylvain Cohen (guitare), Elisa C. Martin (chant) et moi-même (clavier). Nous sommes en train de tester un batteur également et Willdric va sans doute laissé de côté la basse au profit de la guitare.
5- Comment s’est déroulée la reformation de Fairyland ?
Willdric et moi, nous nous sommes rabibochés en 2007. Nous avons travaillé ensemble sur “Score to a New Beginning” puis sur le nouvel album. A l’époque, nous étions chez Napalm Records. Lorsque nous leurs avons envoyé les démos, ils ont refusé de nous reprendre pour un nouvel album. Du coup, j’ai recontacté Olivier Garnier qui avait produit notre premier album pour lui demander des conseils et c’est lui qui nous a conseillé de reformer un vrai groupe. Aujourd’hui, nous sommes signé chez Massacre Records.
6- Tu penses que c’est le fait de ne pas avoir de formation stable qui a amené Napalm Records a ne pas vous re-signer pour ce nouvel album ?
Je ne crois pas que ce soit lié. Je pense que c’est surtout dû à l’écart important qui sépare cet album du précédent.
7- En l’espace d’une décennie, le Power Metal a pas mal évolué et a même regagné en popularité avec l’apparition de nouveaux groupes. Quelle place souhaites-tu donner à Fairyland dans ce nouveau contexte ?
Nous sommes là pour la nostalgie, pour les gens qui étaient fans du Power Metal des années 2000, qui a pratiquement disparu maintenant. Même des groupes cultes comme Rhapsody pour moi ce n’est plus vraiment la même idée ou le même esprit au niveau de la musique. Nous, nous voulons juste redonner un peu de ça.
8- Fairyland est souvent considéré comme le « Rhapsody » Français même si c’est une comparaison que tu as souvent nuancé par le passé, expliquant que vos inspirations étaient plus proches de Hans Zimmer ou de Blind Guardian. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Oui bien sur ! Pour Blind Guardian, l’inspiration c’était surtout au niveau du chant et j’aimerais bien trouver quelque chose dans le même feeling que “Nightfall in Middle-Earth” . C’est cet album qui m’a inspiré pour construire tout le concept d’Osyrhia.
9- L’univers de Fairyland est riche et complexe. Il raconte toute une mythologie avec des peuples différents, des entités, des dieux, de la magie, un super-méchant… Il y a un côté très « Seigneur des Anneaux » non ?
Il y a pratiquement que du Tolkien en fait ! Actuellement je suis en train de réécrire entièrement le concept en y ajoutant des dialogues et des détails, tout en créant même le langage “Osyrhian”.
10- Quels sont les groupes de Power Metal actuels que tu écoutes et que tu apprécies ?
Pour être franc pendant cette pause de 11 ans je n’ai pas écouté grand-chose de nouveau et ça doit faire peut-être un an ou deux que je me remets à écouter des trucs et à découvrir des groupes comme “Wilderun”, un groupe de death mélodique, ou “Fellowship”.
11- Entrons dans le vif du sujet avec ce nouvel opus. D’abord, pourquoi avoir décidé de faire un préquel au trois premiers albums et ne pas avoir fait le choix de signer votre retour avec un nouveau concept ?
Parce que dans le concept en lui même, je me suis arrêté à la fin de “Score To a New Beginning” (2009). Ce qui est dommage à mon sens c’est que les événements de « Of Wars In Osyrhia » (2003) se passent plus de 3000 ans après le début du monde d’Osyrhia. J’ai donc voulu faire un préquel pour expliquer les origines de tout cet univers et des personnages. Au final c’est un peu comme ce qu’à fait Tolkien.
12- Comment tu définirais ce nouvel album par rapport à son prédécesseur, l’excellent et très cinématographique ” Score To a New Beginning” (2009) ?
En effet, le but de “Score To a New Beginning” était de sonner comme une BO de film et c’est également le cas pour “Osyriantha”. C’est une BO de film mélangé avec du Metal.
Pour le reste, j’étais un peu déçu par la production sur “The Fall Of An Empire” (2006) , ce qui est dommage car c’est l’un de mes préférés au niveau musical. Et justement en exclu je peux vous dire nous sommes en train de le réenregistrer, avec de nouveaux arrangements et avec Elisa C; Martin au chant !
13- Comment s’est passé l’enregistrement de “Osyriantha” ? La composition, l’écriture, etc. représentent un travail collectif ou alors chacun bosse ses parties ?
Je compose la musique en général, les lignes de chants, surtout les refrains, Francesco a apporté ses idées sur les lignes de chants. Avec Sylvain, nous avons bossé ensemble sur des riffs que j’avais composé, il a rajouté sa sauce par dessus. Il y a juste un morceau de l’album que je n’ai pas composé, c’est “Mount Mirenor”.
14- La voix de Francesco se démarque assez nettement des vocalistes précédents. Qu’est-ce qu’il a apporté de plus à Fairyland ?
Il a un style différent de ce que nous avions avant. Il est capable d’aller beaucoup plus dans les graves, mais aussi de jouer avec les variations entre l’agressif et le très calme. Là ou il nous a beaucoup apporté, c’est sur les chœurs. Francesco a fait de l’opéra et c’est un truc qu’il maîtrise très bien !
15- Quels sont vos projets pour la suite ? Peux t-on espérer une tournée (quand cela sera possible…) ?
Nous avions effectivement des concerts qui étaient en préparation, en septembre à Paris notamment (annulé). Aujourd’hui, à cause du covid-19, il est compliqué pour nous de faire des répétions avec Elisa (qui vit en Espagne, ndlr) . Mais pour 2021, il y a 99 % de chance qu’on fasse une tournée.
16- Que penses-tu de la place du Power Metal en France ? Le genre est encore trop peu présent dans les festivals Français (le Hellfest pour ne citer que lui) alors qu’il cartonne tout autour de nous…
Je pense que c’est le point de vue des organisateurs de festivals qui est mauvais. Ils doivent avoir le sentiment que le Power Metal en général, ça ne marche pas, ce qui est faux. Ils ne se rendent pas compte de ce que ça peut donner sur scène visuellement et au niveau sonore, comment ça peut entraîner une foule.
17- Avec quel groupe, chanteur ou musicien rêveriez vous de faire une tournée, un album ou autre ?
Blind Guardian ! Pourquoi pas au “Blind Guardian Festival” s’ils le refont un jour. J’ai justument essayé de contacter Hansi Kürsch (cahteur de Blind Guardian, ndlr) pour qu’il pose sa voix sur une chanson du nouvel album mais ça n’a pas pu se faire…
18- “Osyrhianta” a reçu d’excellentes critiques de la presse, on imagine que ça doit vous faire plaisir ?
Oui on a été agréablement surpris par les retours, on a même eu une chronique 10/10 en Pologne ! L’album est aussi distribué en Asie, on espère que le succès sera aussi au rendez-vous.
