Chronique de « Fimbulvinter », nouvel album de Brothers of Metal
Dans la mythologie nordique, le « Fimbulvinter » est le nom donné au long hiver qui précède le Ragnarok, la fin du monde. Un nom qui convient parfaitement bien au troisième album des Brothers of Metal, tant le groupe semble avoir perdu la petite flamme qui avait fait son succès jusqu’à présent…
Venu tout droit de Suède, Brothers of Metal est un groupe qui s’est révélé au grand public en 2017 en sortant l’excellent « Prophecy of Ragnarok », un album auto-produit mettant en scène une bande de huit potes déguisés en vikings et balançant un son Heavy/Power ultra efficace, saupoudré de second degré.
Un mélange détonnant qui n’a pas échappé au label AFM Records, qui rééditera le premier opus et signera pour un second, « Emblas Saga », tout aussi réussi que son prédécesseur, avec une tournée européenne en prime venant confirmer l’énergie et la bonne humeur du groupe sur scène.
Les conditions étaient donc réunies pour que « Fimbulvinter », troisième album des Suédois, viennent marcher dans les pas de ses ainés. Ce n’est pas absolument pas le cas.
Une déception annoncée ?
« Fimbulvinter » est un album décevant, et pourtant, ce n’est pas forcément une surprise. Depuis deux ans, Brothers of Metal a en effet pris l’habitude de sortir régulièrement des singles : « The Other Son of Odin » et « Berserkir » en 2022, « Heavy Metal Viking », « Nanna’s Fate » et « Fimbulvinter » en 2024.
Ces cinq titres, que l’on retrouve dans ce nouvel album, soufflent le chaud et le froid avec d’un côté des morceaux plutôt plaisants, notamment le très réussi « Fimbulvinter », et de l’autre des ratages complets, à l’image de « Heavy Metal Viking », titre qui parodie le Heavy des années 80 mais qui s’avère peu intéressant à l’écoute.
Dès lors, il faut bien reconnaitre qu’une petite crainte a commencé à germer au fur et à mesure que le futur opus des Suédois se dévoilait.
Quelques bonnes idées
« Fimbulvinter » n’est pourtant pas totalement dénué d’intérêt, notamment sur sa première partie.
« Sowilo » signe une entrée en matière réussie, avec de belles mélodies et un refrain efficace ; « Giantslayer » est un morceau puissant et bien construit, avec d’excellentes variations de rythme ; quant à « Heart of Stone », c’est un pur morceau de Heavy « Hammerfallesque », qui met en avant la voix rugueuse de Joakim Lindbäck Eriksson sur une rythmique martiale qui lui convient parfaitement.
Les choses se compliquent cependant avec l’enchaînement de deux morceaux aux accents Folk que l’on qualifiera de « Power Ballade », « Rivers of Gold » et « Blood Red Sky », franchement dispensables, et qui viennent casser le rythme jusqu’alors tonitruant de l’album.
A partir de là, les morceaux s’enchaînent sans que l’on comprenne vraiment où le groupe cherche à nous emmener.
Entre « Ratatosk » et son style baroque, « Heavy Metal Viking », parodie de Rock FM ou « Nanna’s Fate », troisième ballade de l’album, Brothers of Metal semble se disperser et finit par nous perdre en route. L’album ressemble à un fourre-tout et manque réellement de cohérence.
C’est d’autant plus dommage que le groupe dispose toujours d’un talent certain pour composer des riffs saignants et des solos ultra réussis. La production gagne également en épaisseur, avec des morceaux bien équilibrés et une Ylva Eriksson toujours impeccable au chant qui s’impose réellement comme la vocaliste principale du groupe.
Un album qui manque de spontanéité
Revers de la médaille, si « Fimbulvinter » gagne en maturité, il perd en fraîcheur et en spontanéité.
Alors que Brothers of Metal nous avait habitués à ses mélodies envoûtantes, comme sur « Yggdrasil » ; ou à ses refrains ravageurs, comme sur « Njord », il n’en est rien ici et très peu de morceaux nous abreuvent de ce son épique, aux mélodies fédératrices, qui ont fait le succès du groupe jusqu’à aujourd’hui.
Malgré quelques bonnes idées, on traverse ainsi l’album sans en retenir un titre marquant ou un refrain vraiment percutant. Résultat : un opus ni bon, ni mauvais, mais clairement en dessous de ses prédécesseurs…