Chronique de « Trollslayer », nouvel album de Wind Rose
En l’espace de quelques années, Wind Rose s’est imposé comme l’une des valeurs montantes du Power Metal en proposant un style et une imagerie facilement reconnaissables, qui sont une nouvelle fois au cœur de « Trollslayer », nouvel album du groupe transalpin.
A moins d’avoir été retenu en otage dans les mines de la Moria durant ces cinq dernières années, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène Wind Rose, groupe de Folk/Power Italien qui a vu sa popularité exploser en 2019 avec sa reprise de « Diggy Diggy Hole », succès immédiatement confirmé par la sortie de deux excellents albums, « Wintersaga » en 2019 et « Warfront » en 2022. « Trollslayer », qui vient donc de sortir, peut ainsi être considéré comme le troisième opus de l’arc « Napalm Records » commencé en 2019 (bien qu’il s’agisse en réalité du sixième album du groupe).
Une affaire de nains
Depuis 2019, Wind Rose s’est en effet créé son propre style musical, « le dwarf Metal » (Metal de nains), qu’il accompagne d’une imagerie directement inspirée de l’œuvre de Tolkien. Sur scène, cela se traduit par des costumes et des accessoires ; en studio, par l’utilisation à profusion de chœur et de refrains chantés à plusieurs voix, l’idée étant de donner l’impression d’une cohorte de nains chantant à gorges déployées.
Si vous aimez Wind Rose, vous ne serez pas dépaysés. « Trollslayer » reprend la même structure que ses deux prédécesseurs : il s’ouvre sur une piste instrumentale, « Of Ice and Blood », qui est la suite spirituelle de « Of Iron and Gold » («Wintersaga, 2019) et « Of War and Sorrow » (« Warfront », 2022). Cette musique d’introduction laisse ensuite place à « Dance of the Axes », un titre puissant, à la rythmique soutenue, qui accroche l’oreille dès la première écoute. Sans surprise, tous les éléments distinctifs de Wind Rose sont bien présents.
Le côté fêtard que l’on prête volontiers aux nains est mis à l’honneur dans le titre suivant, « The Great Feast Underground », dont la thématique et même les sonorités rappellent évidemment « Drunken Dwarves », paru sur « Wintersaga ». Malgré des paroles qui ne volent pas bien haut, (on boit de l’alcool, on est bourré, et on recommence), le morceau remplira sans problème sa mission de dynamiteur de la fosse lors des futurs concerts du groupe.
L’efficacité avant tout
Si un mot devait donc servir à définir « Trollslayer », ce serait sans aucun doute « Efficacité ». Selon la définition du dictionnaire, l’efficacité désigne « la capacité de produire le maximum de résultats avec le minimum d’effort ». Bon ok, c’est un peu dur, mais vous comprenez l’idée : Wind Rose fait du Wind Rose et ça fonctionne très bien.
Les morceaux sont tous portés par une partie mélodique irréprochable qui se base toujours sur les mêmes sonorités Folk, avec des airs simples, accrocheurs et festifs. L’énergie communiquée par la partie vocale vient compléter l’ensemble.
Si Wind Rose ne fait pas évoluer sa recette, au risque d’en lasser certains, il faut ainsi lui reconnaitre un indéniable talent de composition. Difficile par exemple de résister à l’air entrainant de « Rock and Stone » ou au refrain ravageur de « Trollslayer », l’une des meilleures chansons de l’album.
La production quant à elle est toujours d’excellente qualité : l’album sonne fort, les arrangements sont théâtraux, pour un résultat qui ne manque assurément pas de puissance.
Un album moins inspiré ?
Pour autant, « Trollslayer » réussit-il un sans faute ? Cela dépendra en réalité de vos attentes. Bien que toujours aussi précis et efficace, le son de Wind Rose n’évolue pas et le sentiment de répétition peut devenir un problème à la longue : Powerwolf est un bon exemple dans le genre.
Paradoxalement, quand le groupe tente de s’éloigner un peu de sa zone de confort, le résultat n’est pas vraiment probant : « No More Sorrow », que l’on pourrait qualifier de ballade, peine à convaincre, notamment par sa longueur (7 minutes) mais aussi parce que sa position en fin d’album est un peu surprenante. « Trollslayer » manque aussi peut-être d’un ou deux morceaux réellement marquants, comme ont pu l’être « Mine Mine Mine » ou « Fellow of the Hammer » sur les albums précédents. Un défaut toutefois compensé par la qualité globale de cet opus, qui reste d’un excellent niveau.