Fer de lance du Power Metal Canadien depuis plusieurs années maintenant, Unleash the Archers vient de sortir son sixième et excellent album “Phantoma”. L’occasion pour nous d’en parler avec la talentueuse Brittney Slayes, chanteuse du groupe.
Interview réalisée en visio en mai 2024. Nous remercions nos partenaires de Sounds Like Hell pour l’organisation.
1/ Votre nouvel album« Phantoma », a la lourde tâche de succéder à « Apex » et « Abyss », deux albums qui ont été salués par les fans et par les médias ; vous avez même remporté le JUNO Awards du meilleur album de Metal en 2021 pour « Abyss ». Est-ce que cela vous a donné un peu de pression au moment de composer « Phantoma », sachant que ce nouvel opus serait forcément très attendu ?
Oui, c’est quelque chose que tu ne peux pas ignorer, il y avait forcément des attentes mais nous avons essayé de faire en sorte que ce ne soit pas notre motivation principale pour la création du nouvel album car si tu laisses quelque chose comme ça trop t’affecter, tu ne te concentres pas sur la chose la plus importante : créer de nouvelles choses. Notre but n’était pas de refaire ce que nous avions fait avant. Nous avons essayé de trouver un juste milieu : ne pas faire quelque chose de trop déjantée pour ne pas décevoir nos fans mais en même temps ne pas refaire la même chose pour ne pas les ennuyer.
2/ La science-fiction est une nouvelle fois le sujet principal de votre album. Est-ce que tu dirais que c’est l’univers qui colle le mieux avec votre musique ?
Non pas forcément. Apex était plus un mélange de SF et de Fantasy ; en fait, ça dépend surtout de ce qui me passionne au moment de l’écriture. J’adore la SF : les films, les jeux-vidéos, les BD…. J’ai toujours voulu écrire une histoire au sujet d’un androïde qui aurait été envoyé parmi nous et qui aurait voulu trouver sa place dans notre monde. Tout vient de films comme Terminator ou Blade Runner. Mais je pense qu’avec le Power Metal, tu peux raconter n’importe quel genre d’histoires.
3/ Tu es justement la principale auteure des textes et des histoires racontées dans vos albums. Quelles sont tes inspirations ?
L’une des grandes inspirations pour cet album est le comic « Tokyo Ghost » qui raconte un monde apocalyptique dans lequel les humains survivent, entourés par internet et par les écrans. Et évidemment les classiques comme Aliens avec cet androïde, Bishop, qui est l’un de mes personnages favoris, ou encore David de Prometheus. J’adore son inhumanité et le fait qu’il ait zéro intérêt pour la vie humaine. Je voulais écrire ce genre d’histoire mais avec un personnage totalement différent : notre androïde Phantoma adore l’humanité et son créateur mais elle se rend rapidement compte de tous les travers des hommes.
4/ Il y a-t-il un message derrière cette histoire ou ce n’est qu’une pure fiction ?
Il y a toujours un message. Il y a d’abord l’histoire principale mais les gens qui vont aller plus loin vont trouver un autre sens. Dans l’album, Phantoma découvre que ce qu’elle avait appris des hommes via internet et les réseaux sociaux est totalement différent de la réalité et c’est en lien avec ce qui arrive aujourd’hui à la jeunesse. Beaucoup de jeunes aujourd’hui souffrent de dépression et d’anxiété à cause des réseaux sociaux car ils calquent leur vie sur ce qu’ils y voient. Le message c’est donc de leur dire de vivre leur propre vie !
5/ L’intelligence artificielle (IA) est également au centre de votre album et comme tu le sais, il y a énormément de controverses aujourd’hui sur le sujet comme les problèmes de droits d’auteur, de deepfake, de plagiat…qui touchent en particulier dans les milieux artistiques. Est-ce quelque chose qui t’inquiète personnellement en tant qu’artiste ?
Quand l’écriture de l’album a débuté en 2021, aucunes de ces polémiques n’existaient donc notre histoire ne parle absolument pas de tout ça ! Tous les mauvais côtés de l’IA comme ChatGPT, Mid-Journey… comment dire… ces choses sont là et ne sont pas prêtes à disparaitre. En tant que musiciens, nous allons continuer de faire de la musique comme avant mais pour ceux qui ne savent pas chanter ou jouer de la guitare, et bien ils pourront utiliser ces outils et en réalité, ça me va très bien. Nous luttons déjà contre des millions de groupes pour attirer l’attention des fans, cela rajoutera juste un autre million de groupes, je ne vois pas trop la différence (rire). En tout cas, ça ne m’empêchera pas moi de créer de la musique.
6/ Vous avez d’ailleurs utilisé un peu d’IA pour la création de votre clip « Green & Glass » mais cela a un peu divisé les gens, surement parce que beaucoup n’ont pas compris votre démarche. Comment avez-vous accueilli ces critiques ?
C’est décevant mais c’est comme ça. Si quelqu’un veut être négatif, il trouvera toujours une bonne raison de l’être. Nous aurions pu ne rien dire à ce sujet mais nous voulions que les gens le sachent, car c’est un album sur l’IA ! J’aurais aimé que les gens posent plutôt des questions sur notre démarche, ou au moins qu’ils lisent la description de la vidéo…
7/ Votre style a considérablement évolué depuis vos débuts. Vous avez commencé comme un groupe de Death Metal et aujourd’hui, votre musique se compose d’éléments de Power, de Death voir même de Pop. Quel est aujourd’hui votre ADN et quels sont les éléments qui forment une bonne chanson d’Unleash the Archers ?
Excellente question ! Avoir un refrain accrocheur est l’élément le plus important. Si les gens ont envie de chanter, je pense que tu as réussi. En fait, nos chansons essayent de transmettre une émotion, que ce soit la puissance, ou la motivation ou autre chose.
C’est vrai que notre style a beaucoup changé, notamment depuis 2013 et l’arrivée d’Andrew mais nos influences ont également beaucoup changé. Au début c’était surtout du DeathCore et du MetalCore et puis au fil du temps, en devenant de meilleurs compositeurs et en travaillant mieux ensemble, notre musique a commencé à prendre une autre direction plus Power Metal même si je ne veux pas perdre ce côté DeathMetal du début.
8/ Ce qui est également marquant sur cet album, c’est l’ambiance qui s’en dégage. Un gros travail a été fait sur les claviers, les arrangements et évidemment sur ta partie vocale. On sent que votre musique se complexifie avec le temps et devient plus riche. Qu’en penses-tu ?
C’est important pour moi que l’album sonne aussi bien musicalement qu’au niveau des paroles. Ce que je veux avant tout c’est que la personne qui écoute nos chansons ressentent l’émotion de chaque partie d’entre elles et encore une fois, je pense que l’on devient aussi vraiment meilleurs en tant que groupe. Nous sommes plus matures musicalement mais aussi en tant que passionnés de musique en général.
9/ Si tu devais choisir une chanson de cet album pour faire découvrir votre groupe à une personne qui ne vous connait pas, laquelle choisirais-tu ?
C’est une question difficile ! J’aime beaucoup « The Collective », je pense que c’est un parfait exemple de ce que nous faisons, de ce mélange entre le Power Metal, le Death. Il y a un super refrain, des guitares et un break vraiment cool.
10/ Vous êtes aujourd’hui le porte-étendard du Power Metal Canadien. Depuis quelques années, de nombreux groupes de Power ont émergé au Canada et la scène Canadienne semble très dynamique. Quel est ton avis là-dessus ?
Je pense que c’est fantastique ! Plus il y aura de groupes Canadiens, plus les gens auront envie de découvrir la scène Metal Canadienne. Pour être honnête, c’est assez dur d’être remarqué quand on vient du Canada donc plus nous aurons de groupes de qualité, mieux ce sera !
11/ Dernière question : quand aurons-nous la chance de vous voir en Europe et plus particulièrement en France ?
Nous avons essayé ces dernières années ! En 2020, puis en 2021 mais il y a eu un petit imprévu… (rire) Mais oui, nous serons enfin de retour le printemps prochain, en 2025, avec très probablement une date à Paris !