Interview : Saint Deamon répond à nos questions

Le 9 février dernier à l’Alhambra, avant que la soirée Power Metal au concert de Battle Beast, accompagné d’Induction et Saint Deamon, ne commence, Power Metal France a été autorisé à entrer dans la salle avant l’horaire d’ouverture afin de réaliser une interview dans les loges avec Magnus Noberg et Jan Thore Grefstad, bassiste et chanteur de Saint Deamon !

Interview réalisée en février 2024 à l’Alhambra.

1/ Comment a été conçu votre dernier album « League Of The Serpent » ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Jan : Pour la première fois, les choses se sont passées tranquillement. Je pense qu’on a eu beaucoup de temps pour écrire les chansons à cause du Covid.

Cela nous a laissé du temps pour composer des chansons dans le style de Saint Deamon tout en cherchant quelque chose de nouveau.

Toya le guitariste m’a envoyé ses idées, on a enregistré tout ça au studio avec notre ancien batteur Oscar Nilson devenu producteur, et l’enregistrement comme le mixage se sont bien passés puisqu’il savait ce qu’on voulait étant donné qu’il connaît notre musique.

Magnus : C’est notre batteur actuel Alfred qui a enregistré la batterie pour « League Of The Serpent ».

Aussi, ce qui est assez drôle avec ce dernier album, c’est que les compositions étaient vides, c’était tout nouveau de démarrer à partir d’une page blanche complètement vierge et du coup on se demandait « comment est-ce qu’on va composer l’album ? ».

On a trouvé quelques vieux éléments sur notre Dropbox mais on en a utilisé seulement quelques-uns comme ce dernier album apporte quelque chose de totalement nouveau par rapport aux précédents.

2/ Beaucoup d’années séparent le deuxième album du troisième, de même qu’il y a 4 ans d’écart entre le troisième et le dernier, y a-t-il une raison spécifique ou prenez-vous juste votre temps ?

Magnus : Il y a une raison, après le second album, le premier batteur du groupe Ronny Milianowicz est parti, et à partir de là Oscar Nilson a été notre batteur à ce moment-là en plus de s’occuper de l’enregistrement.

Ensuite on a terminé notre tournée dans des festivals européens, notamment en Norvège, et après ça on a commencé à écrire de nouvelles chansons pour notre troisième album. Mais avec le temps, Oscar a eu une proposition de travail au Japon qui a duré longtemps. Alors un autre batteur, Jarle Byberg s’est occupé de la batterie sur le troisième album.

Jan : Une chose importante aussi c’est que, le premier batteur qui est parti était l’un des principaux compositeurs du groupe, il écrivait environ 70% de nos chansons.

Alors notre guitariste Toya et moi-même avons écrit de nouvelles chansons mais il manquait quelqu’un d’autre pour l’écriture. C’était difficile de trouver un nouveau batteur capable de composer dans notre style. A chaque fois on avait un nouveau batteur, il partait, on en trouvait un autre, il partait etc. On n’a pas eu beaucoup de chances là-dessus, ce n’était pas Spinal Tap car ils étaient tous vivants (rires) mais ça a été un véritable problème.

Et entre notre troisième album « Ghost » et le dernier, on a fait une tournée où on a été la première partie de Geoff Tate, un nouvel album ne devait pas sortir de sitôt, mais après un dernier concert en Finlande, il y a eu le confinement et alors on a commencé à écrire notre quatrième album.

À ce moment-là on a trouvé notre batteur Alfred, et on a enfin senti Saint Deamon au complet. On a bien pris notre temps pour composer « League Of The Serpent » afin d’apporter quelque chose de vraiment nouveau avec ce dernier album. Je ne pense pas non plus qu’on mettre autant de temps à sortir un album maintenant, on ne va pas se précipiter car on cherche à faire de la qualité et pas de la quantité, mais on ne mettra plus autant de temps.

Magnus : Aussi, notre public nous a bien aidé à financer l’album. Si on pouvait et on si on avait l’argent, on sortirait un album tous les jours mais on doit toujours mettre notre budget sur tout ce qu’on fait. C’est pourquoi on est très reconnaissants que tu sois là à faire une interview avec nous, reconnaissants avec les médias et notre public qui partagent notre musique et qui viennent à nos concerts.

3/ Pour nous, « League of the Serpent » est votre meilleur album, il passe clairement un cap et ajoute de nouvelles sonorités en affirmant une nouvelle personnalité bien marquée. Qu’est-ce qui vous a inspiré à travers l’écriture de cet album ?

Jan : « Lord of the Night » possède du synthé similaire à Depeche Mode par exemple, et Toya notre guitariste apporte des idées concrètes au sein du groupe, compose des riffs précis et teste de nouvelles choses.

Comme sur « Lost in Your Sin » aussi, on entend une guitare acoustique et après on reconnaît bien le style de Saint Deamon au moment où le refrain arrive. C’est la chose la plus importante pour nous, on entend quelque chose de différent et quand le refrain vient, on se dit que c’est bon, c’est bien Saint Deamon qu’on écoute.

Magnus : Ce qui est super avec Toya aussi c’est il aime toujours tester de nouvelles idées, il n’a jamais peur de ça. « Load Your Cannons » est typiquement un titre dans lignée de ce que compose Toya.

Jan : Ce qui est typique à Saint Deamon c’est qu’on a des refrains qui se retiennent facilement, avec beaucoup de mots, par exemple « Deamons » sur notre premier album. C’est toujours ce qu’on essaie de faire aujourd’hui, justement le refrain de « Load Your Cannons » : « Load your cannons, load your guns ». Je peux aider à rendre ça plus mélodique.

Autre chose, depuis le dernier album on voit beaucoup de commentaires reliant nous qualifiant de « Pirate Metal ». Nous ne sommes pas d’accords avec ça dans le sens où il n’y a qu’une chanson traitant vraiment de l’univers pirate sur chaque album, sur notre personnage nommé Saint Deamon, mais pas tout un album.

Le titre « Gates of Paradise » est inspiré de Kamelot parce que je suis vraiment fan du groupe, c’est clairement du Power Metal ici. Comme « Lord of the Night » se rapproche de Helloween.

4/ De manière générale, quels sont les groupes qui vous inspirent ?

Magnus : On vient tous de la même époque donc on a grandi avec les mêmes groupes. Helloween bien sûr, mais j’ai beaucoup écouté Rush, c’est un groupe qui m’a beaucoup inspiré.

J’ai grandi aussi avec l’album « Balls To The Wall » d’Accept, je pourrais citer Michael Schenker Group, Dio car sa voix était incroyable, ainsi que Whitesnake etc. Mais si je devais citer un groupe précis ce serait Rush

Jan : C’est aussi difficile pour moi, mais le premier groupe qui me vient en tant qu’influence principale c’est bien sûr Dio. Rainbow aussi bien sûr, Deep Purple, Uriah Heep, Black Sabbath (avec Dio surtout)…

Après mon inspiration principale qu’on ne pourrait pas entendre dans une musique de Saint Deamon, c’est tout simplement Queen. Pour la simple et bonne raison que ce groupe est polyvalent, chaque album a son propre style et la voix de Freddie Mercury est juste incroyable.

Plus tard est venu le Power Metal avec Freedom Call, Helloween, Gamma Ray et Kamelot notamment.

Magnus : Sur YouTube tu peux une superbe reprise de « The Show Must Go on » par Jan. Cela va t’impressionner tellement sa version est géniale.

Jan : Si on revient sur nos influences on pourrait continuer longtemps, par exemple en citant Dream Theater, Europe, Bon Jovi dont j’avais la même coupe de cheveux à l’époque (rires)…

Magnus : Toya aime beaucoup Kiss au début aussi, qu’on partage tous également. Quand j’étais plus jeune j’ai eu un walkman avec « The Number Of The Beast » d’Iron Maiden en cadeau d’anniversaire, je me suis tout de suite intéressé au groupe.

Jan : Mon frère m’avait aussi offert un album d’Iron Maiden lors d’un anniversaire, ça a été « Seventh Son Of The Seventh Son » qui est pour moi le meilleur album du groupe. J’allais à l’école en vélo à l’époque et j’écoutais toujours cet album, toutes les chansons sont parfaites pour moi. D’ailleurs je pense que cet album peut même se rapprocher du Power Metal par son côté plus mélodique ou la présence du synthé.

5 / On retrouve toujours un vaisseau pirate sur vos pochettes d’album, et sur « League of the Serpent » on peut l’apercevoir derrière aussi, est-ce que cela représente une sorte de « mascotte » au groupe ?

Jan : Oui c’est toujours le capitaine qui nous regarde.

Magnus : Si on regarde bien sur les pochettes d’album avant le troisième opus « Ghost », on peut voir que le capitaine est toujours sur le bateau. Ce bateau est présent sur toutes nos pochettes depuis le premier album.

Jan : Et le capitaine n’a jamais vraiment existé car Saint Deamon est aussi un jeu de mots qui vient du premier chanteur du groupe qui n’est pas resté longtemps d’ailleurs, étant donné qu’il n’a jamais été là sur un album. Il ne voulait être un chanteur de Metal. En tout cas le nom du groupe vient de lui car, à l’école on le surnommait « Saint Thor » ou un nom du même genre.

Notre premier batteur Ronny voulait un bateau sur notre pochette album que l’on appellerait Saint Deamon. Et on s’est dit que ce serait drôle d’avoir un personnage nommé Saint Deamon. Alors on a réutilisé ce bateau par la suite en guise de signe caractéristique au groupe.

6/ Que représente le personnage au premier plan sur la pochette de votre dernier album « League of the Serpent » ?

Magnus : Le capitaine est un homme. Mais concernant cette femme au premier plan de l’album, rien n’est dit. Elle peut représenter beaucoup de choses.

Jan : Mais quand j’ai écrit la chanson « League of the Serpent », il y avait un peu de fantaisie et de choses de ce genre. La plupart des chansons parlent d’histoires vraies, et avec cette chanson-là ça se caractérisait comme le mal voulant prendre le pouvoir sur le monde et le régner avec horreur par le biais de pouvoir magiques. Cela rappelle un peu Le Seigneur des anneaux et Harry Potter dedans (rires).

Le personnage pourrait être le capitaine déguisé. On verra mais je décrirai sûrement davantage sur ce personnage sur les prochains albums.

7/ Concernant les paroles de vos chansons, sont-elles écrites sur des histoires imaginaires ou bien des histoires de pirates réelles ?

Jan : Il y a beaucoup d’histoires en lien avec l’île de la Tortue (Tortuga). Les premières paroles ont été écrites par Tobias Lundgren, ça a été la chanson « Deamons » basée sur un personnage fictif tout en s’inspirant d’une histoire vraie ayant eu lieu sur l’île. Une histoire où des pirates ont mis le feu à l’île pour y voler l’or, une histoire que j’ai lue il y a longtemps.

Je peux m’inspirer d’histoires vraies, d’histoires fictives, venant de films etc. Mais il n’y a pas de magie comme dans l’heroic fantasy, juste des personnes qui se volent entre elles.

Il y a aussi ce drôle de fait à propos du capitaine qui est méchant et radin, mais personne ne sait qu’en réalité il a peur de l’eau (rires). Le capitaine peut planter son épée dans le cœur des ennemis, boire un coup à la taverne, ou alors il est assis sur une île mais ne peut pas partir car il a peur de l’eau. Mais c’est juste une théorie, on n’est pas vraiment focalisé dessus.

Magnus : Cela pourrait être une super vidéo. Il y avait une émission avant avec Eddie Murphy qui prétendait qu’on devait être dur, sinon on mourrait. Le mec avait tenté de le frapper et il s’était enfui comme un enfant. Je ne dis pas que ça représente le capitaine mais il y a un peu de ça en lui (rires).

8/ On pense que vous êtes un groupe de Power Metal avec des influences Heavy, notamment lors de vos débuts. Mais sur le dernier album on ressent d’autres influences, comment pouvez-vous alors décrire le style de Saint Deamon ?

Jan : On est un groupe de Power Metal avec des influences Heavy, ou bien un groupe de Heavy Metal avec des influences Power, on peut le tourner dans les deux sens. Cela dépend des chansons. On aime le Power Metal et on aime ce qui est Old School.

Magnus : Tout dépend de comment on commence à écrire nos chansons, on parlait de nos influences tout à l’heure et Alfred qui nous a rejoint à partir du dernier album vient de la scène Metal moderne, ce qui apporte aussi de nouvelles influences. Cela s’entend à son jeu de batterie d’ailleurs.

Jan : « Heaven to Heart » a un refrain purement Power Metal comme « League of the Serpent » est une chanson de Power Metal aussi.

On a une chanson sur notre deuxième album « Pandeamonium » qui s’appelle « The Only One Sane (Nevermore) » qui devait être, en réalité, une chanson pour la carrière solo de Joachim Cans, mais il ne se sentait pas de la garder pour lui. Alors on a composé tous les arrangements de cette chanson, ajouté des riffs, écrit les paroles, ce qui a donné un autre style. Le refrain est aussi inspiré de Pagan’s Mind, ce qui ajoute un peu de Prog dans notre musique, on trouve que c’est bien pour nous.

Magnus : On jouera d’ailleurs cette chanson ce soir-là, on aime bien la jouer parce qu’elle apporte la bonne ambiance pour faire sauter le public.

Jan : « The Final Fight » pourrait se rapprocher de Europe, dans le sens où ce serait un peu notre « The Final Countdown » à nous, à la manière de Saint Deamon.

9/ Qu’est-ce que le Power Metal pour vous ?

Magnus : De super mélodies, et bien sûr de la basse et de la batterie rapides.

Jan : Un peu d’éléments symphoniques ici et là.

Pantera avait sorti un album nommé « Power Metal », c’est la première fois qu’on avait vu ce nom alors que ce n’était même pas du Power Metal. La première fois que j’avais entendu parler du terme « Power Metal », c’est quand j’ai découvert Hammerfall. Et pourtant, à ce moment-là je connaissais déjà Helloween et Gamma Ray mais on les qualifiait de Heavy Metal.

Magnus : Je me rappelle que Hammerfall était qualifié de « German style Heavy Metal », et au moment où Freedom Call a sorti son premier album, le groupe était qualifié de « German Power Metal ».

Jan : Qu’est-ce que le Power Metal du coup ? Oui Freedom Call c’est du Power Metal sans le moindre doute. Comme Rhapsody, d’ailleurs je me rappelle que Rhapsody était qualifié de « Symphonic Epic Hollywood Power Metal » (rires).

Après le Power Metal n’est pas forcément chanté avec une voix haut-perché, par exemple Children Of Bodom utilisait des éléments de Power. Je dirais même que dans les derniers Arch Enemy on peut aussi entendre quelques éléments, parfois on peut avoir cette émotion Power Metal.

Magnus : J’ai vu beaucoup de groupes allemands qui se qualifiaient aussi de « Metal mélodique » et qui n’utilisaient pas le terme de Power Metal.

10/ Un album coup de cœur ces derniers temps ?

Magnus : Pour moi, le dernier album de Myrath est génial.

Jan : Récemment, j’ai beaucoup réécouté « The Fourth Legacy » de Kamelot, qui pour moi est sous-estimé, cet album est génial.

11/ Une dernière chose à ajouter ?

Jan : Allez sur nos pages Facebook et Instagram, likez, commentez et partagez. Si vous voulez nous voir en concert, c’est ce tout ce que vous avez à faire.

Magnus : On continuera de vous apporter de la musique mais vous devez nous aider pour qu’on puisse en apporter.

Jan : Il y a beaucoup de musiques sur YouTube et Spotify, et oui ça aide beaucoup quand les gens vont en écouter dessus. Cela nous aide aussi quand vous partagez, c’est tout ce que je vous demande.

Magnus : Si vous nous aimez, continuez d’aimer notre musique et faites l’amour pour nous (rires).

Résumé

BenPMF
BenPMF
Musicien à ses heures perdues passionné de Power, les mélodies et orchestrations épiques illuminent son bonheur. Ce barde des temps modernes puise son inspiration du côté de Helloween et de Gamma Ray sous un air joyeux de Freedom Call. Son univers s’élargit aussi autour des contrées imaginaires de Stratovarius, Dragonforce, Avantasia, Rhapsody, Blind Guardian… Et bien d’autres encore !