Gloryhammer à l’honneur dans cette chronique d’un nouvel album très attendu.
En quelques années seulement, Gloryhammer s’est imposé comme l’un des principaux représentants du Power Metal « Heroic Fantasy », créant un univers loufoque et très second degré porté par une musique d’une efficacité redoutable.
Figure de cette réussite, Thomas Winkler (alias Angus McFife), chanteur du groupe, a depuis été remercié dans les circonstances que vous connaissez déjà. Si ce n’est pas le cas, nous vous renvoyons à la lecture de cet article.
Dix ans tout pile après la sortie de « Tales From the Kingdom of Fife » (2013), Gloryhammer revient aujourd’hui avec son quatrième album et un nouveau chanteur à sa tête, Sozos Michael, recruté fin 2021.
Ce dernier hérite d’une lourde de tâche : reprendre le flambeau et combler le vide laissé par son prédécesseur, parti vers d’autres cieux mais toujours aussi populaire auprès des fans.
Gloryhammer of Fire
Le défi est donc immense pour Sozos Michael. Très peu connu du grand public et arrivé à la veille d’une tournée en Grande-Bretagne en décembre 2021, ce dernier n’a eu que très peu de temps pour
enfiler le costume d’Angus McFife. Fort heureusement, le groupe a eu la bonne idée de faire les présentations officielles un peu plus tard avec la sortie d’un titre inédit, l’excellent « Fly Away »,
permettant d’apprécier ses qualités vocales et notamment sa voix plus claire marquant une vraie rupture avec son prédécesseur.
Cette évolution du registre vocal a sans doute amené le groupe à faire évoluer sa musique d’une manière plus globale. Des titres comme « Holy Flamming Hammer of Unholy Cosmic Frost » ou «Vorpal Laserblaster of Pittenween” font immédiatement penser à Rhapsodyof Fire, que ce soit au niveau du chant donc, mais également de la structure des morceaux, qui se veut plus complexe et travaillée que sur les albums précédents. Les solos sont percutants et les arrangements toujours aussi intéressants, créant une ambiance encore plus spectaculaire.
A ce niveau, Gloryhammer progresse et gagne en maturité, n’hésitant pas à intégrer des instruments assez inhabituels comme le saxophone ou en plongeant dans les années 80, une tendance très en vogue dans le Power actuel.
Quant à Sozos Michael, s’il nous avait moyennement convaincu en live, il se révèle en revanche très bon en studio, même si sa voix manque parfois un peu de personnalité.
Un album moins percutant
Au delà de son line-up, la grande force de Gloryhammer a surtout été sa capacité à produire des chansons ultra mélodiques aux refrains assassins. A ce niveau, ce nouvel album souffle un peu le chaud et le froid.
Si l’ensemble reste globalement de bonne facture, comme « Wasteland Warrior Hoots Patrol » ou encore “Brothers of Crail”, on est quand même très loin des incontournables que sont « Univers of Fire » ou « The Siege of Dunkled ». Clairement, l’album manque de tubes et il est assez difficile de ressortir un titre vraiment marquant.
Ce problème se faisait déjà ressentir sur les deux singles déjà dévoilés et il se confirme sur la quasi-totalité de l’album. Des bons titres, mais pas de « bangers » comme espéré.
L’autre soucis de « Return to the Kingdom of Fife», c’est son concept qui commence un peu à s’essouffler. Conçu dès le départ comme une saga, l’univers de Gloryhammer est construit autour de l’affrontement entre Angus McFife et le sorcier Zargothrax, encore une fois au programme de ce quatrième opus, et qui tourne un peu en rond : on retrouve par exemple les chansons dédiées au Sir Prolétius ou au Hootsman, ainsi que les interventions de Zargothrax, nombreuses, qui viennent un peu casser le rythme.
Dix ans après le premier album, la lassitude commence à poindre le bout de son nez et c’est dommage que Gloryhammer n’a pas profité de la fin de son dernier album et de l’arrivée de son nouveau chanteur pour ouvrir un arc narratif inédit et proposer quelque chose de vraiment différent.
La prise de risque est ici minimale et répond à un cahier des charges trop stricte, comme si le groupe avait du mal à sortir d’un moule qu’il a lui même construit.
Malgré tout, l’album se termine sur une note positive avec «Maleficus Geminus (Colossus Matrix 38B – Ultimate Invocation of the Binary Thaumaturge)». Gloryhammer a pour habitude de clôturer ses albums avec des titres monumentaux et c’est encore le cas ici (plus de 12 minutes !).
Avec ses changements de rythme, ses riffs et ses mélodies, cette chanson est une histoire dans l’histoire, une pièce théâtrale qui referme avec brio ce quatrième opus.