L’éveil de Kamelot est assuré !
La référence américaine de Power Metal est enfin de retour ! Après tant d’années de silence ou à s’endormir sur ses lauriers, Kamelot s’est réveillé en étant inspiré plus que jamais pour nous livrer un voyage plein de magie auquel on ne s’y attendait pas. La sensibilité du groupe se ressent à nouveau et quel plaisir !
Une carrière éparse et redondante
On connaît tous Kamelot pour faire partie de cette vague de groupes ayant affirmé une forte personnalité durant les années 90, période où l’âge d’or du Power Metal a explosé en diverses branches. Que ce soit en Allemagne (Gamma Ray, Blind Guardian, Running Wild, Grave Digger, Rage, Edguy, Freedom Call), en Finlande (Stratovarius, Sonata Arctica), en Italie (Rhapsody), ou encore en Suède (Hammerfall, Nocturnal Rites), le mouvement s’imposait particulièrement en Europe. Et pourtant, parmi tous ces groupes européens, deux grandioses exceptions faisant partie de ce même mouvement vivaient sur un autre continent : les brésiliens d’Angra et les américains de Kamelot.
Cependant, Kamelot a mis du temps à forger une personnalité solide et unique. Le navire Kamelot a bravé de beaux océans comme on le sait, mais a aussi pataugé dans des flaques de boues visqueuses. On a connu l’excellence (« Karma » ; « Epica » ; « The Black Halo »), le très bon (« Silverthorn »), un ensemble correct (« Ghost Opera » ; « Poetry For The Poisoned » ; « The Fourth Legacy »), du déjà-vu assez moyen (« Haven » ; « The Shadow Theory »), et les débuts amateurs (« Eternity » ; « Dominion » ; « Siege Perilous »). La période de l’excellence n’a duré que cinq ans (2001-2006) et le groupe est resté ensuite coincé dans une carrière proposant des albums redondants et épars. Mais Kamelot n’a pas retourné sa veste pour autant !
Un retour aux sources inespéré et inattendu
Comme on l’a dit, on a connu l’excellence avec Kamelot. Le dernier chef d’œuvre « The Black Halo » date de 2005 et depuis on n’a pas retrouvé une pâte de génie identique à celui-ci (malgré un très bon « Silverthorn » en 2012). En effet, « Haven » pouvait laisser paraître des morceaux qui partaient dans tous les sens et « The Shadow Theory » était coincé dans une redondance bien faite. Cinq ans séparent ce dernier du nouveau « The Awakening », jamais Kamelot n’a mis autant de temps, et pourtant le temps d’attente en valait le détour.
Dès les premières secondes de « The Great Divide », après une intro « Oveture » épique et classique comme on a l’habitude d’en entendre dans le Power, on sent d’emblée que le groupe est de retour inspiré plus que jamais. Le refrain nous prend les tripes et nous donne le sourire en nous faisant rappeler la belle époque de Roy Khan au chant avec très bons classiques « When the Lights are Down » ou encore « Forever ».
Ce genre de morceaux au refrain qui reste en tête reviendra à plusieurs reprises durant tout l’opus. Que ce soit « NightSky » ou bien « Eventide », le groupe a réussi son pari pour nous embarquer.
Des guests pour ajouter un peu de piment et d’originalité
C’est devenu récurrent avec Kamelot et c’est encore le cas ici à travers cet opus, des guests ont été conviés pour participer sur plusieurs titres, de quoi ajouter un peu de piment et donner encore plus de goût à un ensemble agréable. La chanteuse suisse Melissa Bonny d’Ad Infinitum ajoute son timbre de voix claire, mais aussi growlée, sur « New Babylon », un titre naviguant sous des riffs de guitare puissants entre des orchestrations sombres et lumineuses.
La remarquable compositrice sino-américaine Tina Guo, également erhuiste (l’erhu, un instrument traditionnel chinois) et violoncelliste, est à l’honneur sur cet album. Célèbre pour sa composition de musiques de films et de jeux vidéo, en plus d’être l’invitée première aux concerts des musiques de films de Hans Zimmer, elle prête le son de son violoncelle électrique sur « Opus of the Night (Ghost Requiem) », morceau rempli d’émotions entre un refrain entraînant, des orchestrations épiques et des mélodies de Thomas Youngblood maîtrisées avec brio.
Il en est de même pour la ballade « Midsummer’s Eve », où l’on se laisse transporter par une sonorité celtique du violoncelle de Tina Guo. En plus de la belle voix de Tommy Karevik, ou encore la douceur du piano, on pourrait imaginer se retrouver dans un passage de film où l’on parcourt les terres sauvages d’Ecosse sous ses plus beaux paysages (de quoi aussi faire allusion à la série Outlander).
Par conséquent, The Awakening porte bien son nom
Tandis que l’on a connu beaucoup de titres poussifs sur les derniers albums du groupe, Kamelot semble effectuer un beau retour aux sources sur ce nouvel opus, en enchaînant des morceaux variés avec des refrains accrocheurs et des mélodies mémorisables. Toutes les prises de risques du groupe sur « The Awakening » sont réussies. Le premier single « One More Flag in the Ground » au rythme ternaire (rythme similaire à celui de la valse pour les non musiciens) nous entraîne sur ses pas de danse et nous donne envie de chanter le refrain haut et fort, ce qui est, au passage, parfait pour les futurs concerts.
Des sonorités orientales, rappelant l’ambiance de « The Black Halo », refont à nouveau surface sur « The Awakening ». C’est le cas sur les diverses mélodies et orchestrations de « Bloodmoon ». Le titre joue tout au long sur ces sonorités orientales en plus d’éléments classiques, accompagnés d’un thème mémorable à la guitare électrique repris en guise de refrain.
Suite à ce beau voyage riche et varié en émotions, les dernières notes de l’outro « Ephemera » nous laisseront penser que « The Awakening » porte bien son nom. L’éveil du groupe est assuré !