Helloween – Giants & Monsters

Les pionniers du Power Metal fêtent leurs 40 ans, les pionniers du Power Metal célèbrent ça avec un 17ème album, les pionniers du Power Metal veulent bien évidemment marquer le coup… Mais à trop vouloir faire la fête on peut en oublier l’objectif principal ! « Giants & Monsters » est un opus varié mais inégal qui s’éloigne à des années lumières du talent si unique d’Helloween… Apportant une très légère vague de chaleur mais, hélas, également une douche froide suivi d’un vent glacial…

Helloween, les pionniers du Power Metal

Est-ce qu’on a réellement besoin de (re)présenter Helloween ? Ce groupe légendaire qui, avec deux albums iconiques, les deux « Keeper Of The Seven Keys », a littéralement inventé le Power Metal. Une carrière riche qui a connu des hauts et des bas, des albums qui se distinguent tous, différents obstacles parfois difficiles à surmonter, mais un groupe qui a toujours su se relever et donner l’exemple, c’est un peu ça Helloween, une personnalité unique en son genre dans l’Histoire du Metal voire de la musique en général.

Toutes les étapes de la vie du groupe peuvent se regrouper en cinq périodes : la gloire (« Walls Of Jericho » & les « Keeper ») ; l’impasse (« Pink Bubbles Go Ape » & « Chameleon ») ; la relève (de « Master Of The Rings » à « The Dark Ride ») ; la renaissance (de « Rabbit Don’t Come Easy » à « Straight Out Of Hell ») ; une mauvaise transition (« My God-Given Right ») jusqu’à la reconstruction (de 2017 à aujourd’hui).

Si l’on jette un œil attentivement à ces périodes, la première période dite glorieuse est celle qui aura marqué la globalité des fans, celle où le génie d’Helloween brûlait de mille feux. Après le départ de Kai Hansen qui a créé une impasse difficile ayant fait partir Michael Kiske, la relève assurée par Andi Deris a pu redorer le blason du groupe. Le génie d’antan d’Helloween a pu renaître pleinement plus tard au point de se reconstruire entièrement à nouveau ces dernières années.

Giants & Monsters, un album varié…

Durant cette ère actuelle, celle que l’on a nommée « la reconstruction », le retour de Kai Hansen et Michael Kiske a ravi la quasi-totalité des fans. Une simple chanson « Pumpkins United » a suffi pour convaincre, lavant l’affront de « My God-Given Right », un opus pas spécialement mauvais mais trop insuffisant par rapport au niveau du groupe, brisant un rythme effréné d’albums ayant fait renaître un Power Metal surpuissant digne du génie d’Helloween (l’arrivée de Sascha Gerstner et Dani Löble ont été très bénéfiques).

La tournée « Pumpkins United » était un moment inoubliable pour le groupe, un DVD live était évident et, cerise sur le gâteau, un nouvel album portant le nom même du groupe a vu le jour par la suite, un véritable chef-d’œuvre ! Tellement réjouis d’être de nouveau réunis, de se retrouver tous les sept (après tout vu leur âge ils s’en foutent et peuvent se le permettre), qu’ils ont décidé de continuer leur carrière ensemble.

Quatre ans après l’excellent « Helloween » sort « Giants & Monsters », un album tout aussi varié que ses prédécesseurs, plutôt correct, pouvant comprendre de bonnes choses, surpassant facilement « My God-Given Right », sans hésitation meilleur que « Pink Bubbles Go Ape » et « Chameleon » aussi… Mais dont le talent n’égale pas le reste des autres albums du passé.

Helloween fait partie de ces rares groupes qui arrivent avec brio à varier ses albums tout en défendant un style vraiment authentique. Ce sont les chefs de file du Power Metal et avec de nombreuses variations du genre, on peut clairement distinguer tous leurs albums sans exception par leur sonorité et un style différent, y compris ce « Giants & Monsters ». Mais si ce dernier est tout aussi riche que ses aînés, pourquoi n’arrive-t-il pas à la cheville d’une grande majorité d’entre eux ?

…Apportant une très légère vague de chaleur…

Dès le premier riff de « Giants on the Run » qui nous plonge d’emblée dans l’album, on est déjà surpris qu’on pourrait penser à du Stratovarius tant la guitare ressemble au jeu de Timo Tolkki tout comme le synthé qui répond. Ce n’est pas non plus autant proche que le clavecin utilisé par Stratovarius, ici le son est un peu plus fun, ce qui peut faire des nombreuses facettes d’Helloween (souvenez-vous de la boîte à meuh sur « Mrs. God » !).

Ce premier titre évolue très bien, écrit par Andi Deris et Kai Hansen (première collab’ des deux sur l’écriture), on y retrouve un bon refrain dont l’ambiance se trouve entre « Rabbit Don’t Come Easy » et « Keeper Of The Seven Keys: The Legacy » ainsi que différentes parties au style propre de Hansen, à tel point que ça rappelle Gamma Ray.

S’en suit « Savior of the World », l’hymne de Power Metal de l’opus. Place à Michael Kiske sur les devants de la scène, cette voix légendaire capable d’émerveiller tout fan sur n’importe quel hymne. Rapide et mélodique, menant à un refrain catchy, tout est là pour plaire, après tout c’est ce qu’on aime dans le Power surtout avec Helloween. « Under the Moonlight » est aussi chanté uniquement pas Kiske, un plaisir coupable qui donne le sourire de la même façon que « Livin’ ain’t No Crime » (mais en moins bien quand même il faut le dire).

Ce n’est pas tout, « Universe (Gravity for Hearts) », qui a fait office de second single, nous ramène à la belle époque glorieuse des années 80 entre puissance, mélodie, vitesse, et Michael Kiske au top du début à la fin, controversé par un riff au son clair marquant la patte authentique du morceau. L’intervention de Kai Hansen au chant, en plus des chœurs épiques, nous replonge également dans les beaux souvenirs de Gamma Ray.

En parlant d’authenticité, comment ne pas évoquer les deux morceaux composés par Hansen seul ? « Majestic » est un super final dont le trio de voix concorde parfaitement. Très proche de Gamma Ray là aussi musicalement, le côté épique se ressent par la complicité des trois chanteurs qui prennent plaisir à chanter ces paroles : « Here we are, majestic ». Idem pour l’excellent « We Can Be Gods », sûrement le meilleur morceau de l’album où les dialogues de voix fonctionnent à merveille sur ce morceau Power aux accents Speed digne de l’âge d’or du genre.

…Mais surtout une douche froide suivi d’un vent glacial…

Il faut savoir qu’il nous a fallu plusieurs écoutes pour saisir cette très légère vague de chaleur que peut apporter « Giants & Monsters », car à l’origine on était complètement déboussolés, on ne savait pas comment se positionner face à cet opus tant on l’a trouvé quelconque lors de la première écoute, voire carrément inintéressant. Il a fallu creuser pour attraper ne serait-ce qu’un petit brin de magie.

Parce que, oui, même s’il y a de bons titres qui sortent de lot, ce n’est pas aussi marquant que par le passé. Il suffit de comparer « Savior of the World » à « Eagle Fly Free », ou encore à d’autres hymnes avec Deris au chant tels que « The Saints » ou « Far from the Stars » pour faire la différence en termes d’émotions. Idem, « Giants on the Run » n’est pas aussi épique qu’un « Out for the Glory » pour nous lancer dans l’album dès le départ. Mais comparer le bon de « Giants & Monsters » avec le passé peut être un détail, car le moins bon, à savoir le reste qu’on n’a pas encore évoqué, nous flanque une douche froide suivi d’un vent glacial.

Premièrement, Helloween arrive généralement à produire des ballades de qualité (beaucoup d’autres groupes qui composent des ballades inutiles devraient en prendre exemple d’ailleurs), alors pourquoi « Into the Sun » est un mauvais croisement entre « If I Could Fly » et « Light the Universe » ? Le duo de voix entre Kiske et Deris se combine très bien, mais l’émotion est inexistante contrairement aux deux autres ballades citées.

Ensuite, pourquoi produire des titres radiophoniques ? Durant la troisième ère qu’on a baptisée « la relève », ça pouvait être nécessaire car ça permettait de sauver le groupe, en plus ces titres sont généralement bons et toujours joués en live. Mais depuis 2003, avec le retour d’un Power Metal de génie adapté à la voix de Deris, ce n’était plus nécessaire et ils avaient arrêté. En résumé : « A Little is a Little Too Much » c’est « Hey Lord! » en moins bien ; « Hand of God » c’est limite de la Pop ; et « This is Tokyo » qui a malheureusement fait office de premier single c’est d’une mollesse sans nom digne du morceau « My God-Given Right ». Des singles comme « Skyfall » ou « Fear of the Fallen » étaient de très bons exemples sur le précédent album, mais pas un truc aussi faible que ça !

Tous ces morceaux ont totalement cassé le rythme de l’album, c’est franchement dommage. Helloween n’a pas besoin de composer encore ce genre de titres comme « Perfect Gentleman » ou « Power », ils sont très bien là où ils sont, ce n’est pas nécessaire d’en faire des pâles copies. En revanche, composer des chefs-d’œuvre de Power Metal si uniques, ils en sont encore capables, on l’a vu sur l’album précédent « Helloween », ou si on va du côté de l’ère précédente on peut citer « Straight Out Of Hell » ou « Gambling With The Devil ». La preuve ici encore, bien qu’ils ne soient pas aussi épiques qu’autrefois, les bons titres de ce nouvel opus ne sont pas mous et montrent que groupe en a toujours dans le ventre.

Détails de l'album

Date de sortie :
29 août 2025
Label :
Reigning Phoenix Music
Genre :
Power Metal
Setlist :
1. Giants on the Run 2. Savior of the World 3. A Little Is a Little Too Much 4. We Can Be Gods 5. Into the Sun 6. This Is Tokyo 7. Universe (Gravity for Hearts) 8. Hand of God 9. Under the Moonlight 10. Majestic 11. Out of Control

NOTRE AVIS

« Giants & Monsters » marquent les 40 ans du groupe légendaire pionnier du Power Metal. Hélas, cet anniversaire était trop arrosé à tel point que l’objectif principal, celui de composer un album, a été noyé dans l’alcool. Helloween arrive à apporter une légère vague de chaleur avec de bons morceaux, mais la magie n’opère pas autant que par le passé. La douche froide suivi d’un vent glacial camoufle le bon côté de l’opus par d’autres titres sans intérêt. C’est un coup dur pour un groupe aussi authentique dont le génie peut encore se refléter aujourd’hui. « Giants & Monsters » peut sonner comme un véritable album ou alors comme un patchwork imparfait selon comment on se positionne, selon quelle période on préfère. Cet opus n’est pas mauvais, loin s’en faut, mais pas digne du niveau d’Helloween, surtout s’ils sont les leaders du Power Metal et s’ils sont encore capables de produire de véritables coups de maître. Les citrouilles ont toujours de l’énergie à revendre, mais il faudra reprendre du poil de la bête lors du prochain album afin de composer un nouveau chef-d’œuvre. Rien n’est foutu !
Composition
7.5
Arrangements
7.5
Écriture
5.5
BenPMF
BenPMF
Musicien à ses heures perdues passionné de Power, les mélodies et orchestrations épiques illuminent son bonheur. Ce barde des temps modernes puise son inspiration à travers le génie de Helloween et de Gamma Ray sous un air joyeux de Freedom Call. L'univers geek de Dragonforce, de la même manière que les contrées imaginaires de Rhapsody et les fantaisies de Stratovarius le passionnent également.
« Giants & Monsters » marquent les 40 ans du groupe légendaire pionnier du Power Metal. Hélas, cet anniversaire était trop arrosé à tel point que l’objectif principal, celui de composer un album, a été noyé dans l’alcool. Helloween arrive à apporter une légère vague de chaleur avec de bons morceaux, mais la magie n’opère pas autant que par le passé. La douche froide suivi d’un vent glacial camoufle le bon côté de l’opus par d’autres titres sans intérêt. C’est un coup dur pour un groupe aussi authentique dont le génie peut encore se refléter aujourd’hui. « Giants & Monsters » peut sonner comme un véritable album ou alors comme un patchwork imparfait selon comment on se positionne, selon quelle période on préfère. Cet opus n’est pas mauvais, loin s’en faut, mais pas digne du niveau d’Helloween, surtout s’ils sont les leaders du Power Metal et s’ils sont encore capables de produire de véritables coups de maître. Les citrouilles ont toujours de l’énergie à revendre, mais il faudra reprendre du poil de la bête lors du prochain album afin de composer un nouveau chef-d’œuvre. Rien n’est foutu !Helloween - Giants & Monsters