Interview avec Søren Weiss, co-fondateur de l’Epic Fest

En tant que partenaires médias avec l’Epic Fest lors de la troisième édition les 4 et 5 avril 2025, on a réalisé une interview avec Søren Weiss, co-fondateur du festival purement Power Metal au Danemark, dans l’objectif de nous parler de la prochaine édition ainsi que de l’évolution du festival en général !

Interview réalisée via Zoom le lundi 9 septembre 2024.

(Re)Lire notre reportage à : l’Epic Fest.

1/ Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir faire un festival orienté sur le Power Metal ?

Premièrement, j’ai toujours aimé ce style ! Mon collègue Lauge, et moi-même, sommes tous les deux à organiser ce festival. Lauge est le booker au Gimle, c’est lui qui gère la venue des groupes au sein de cette salle.

On est des amis d’enfance, on vient tous les deux de Roskilde. On a toujours été de Power Metal, de cette ambiance « Rock héroïque », et après deux ou trois ans on s’est revus et on s’est dit que ce serait cool de monter un festival de Power Metal et tout ce qui touche autour de la fantaisie !

La scène Power Metal au Danemark est vraiment petite, alors notre quête était aussi de rendre la scène Power Metal plus grande dans le pays. C’est ce qu’on souhaitait accomplir, on ne savait pas à quoi s’attendre même si on a réussi à avoir Blind Guardian lors de la première édition. Avec un grand groupe comme Blind Guardian, on espérait pouvoir vendre quelques billets.

Lors de la première édition, le festival a eu lieu uniquement au Gimle, avec 6 groupes : Blind Guardian, Rhapsody Of Fire, Dragonland, Dream Evil, Iron Fire & Lastera (un groupe local). Et comme c’est une petite salle, ça a très vite été complet. C’est pour ça qu’il a fallu agrandir le festival par la suite.

On adore vraiment le Power Metal, c’est tout simplement notre passion, et on voulait montrer au monde entier, au Danemark au moins, que ce style de musique est plus que génial !

2/ Comment te sens-tu par rapport à l’évolution du festival ? L’affiche est de plus en plus grande depuis la première édition.

D’une certaine manière, on a planifié cette évolution comme un objectif à atteindre.

Je pense que c’est naturel d’évoluer pour un festival orienté sur un genre précis comme le notre. C’est naturel d’avoir des plans pour le futur aussi, c’est ce qui nous motive !

On n’a pas non plus pour objectif d’être un festival majeur avec 200 000 personnes, ça doit rester intimiste selon nous.

Après on a pour objectif que notre festival évolue, qu’il y ait de plus en plus de grands noms, de noms uniques, afin d’avoir la meilleure programmation. C’est ce qu’on veut nous et aussi pour les fans de ce style.

A partir de la deuxième édition, on a déjà eu plusieurs options devant nous. Comme je l’ai dit, au début on a démarré le festival uniquement au Gimle pour une capacité de 550 personnes. Puis cette année au mois de janvier on a pu avoir une deuxième salle : le King Roar’s Hall ou plutôt le Roskilde Kongrescenter (rires). Il y avait au total 1300 personnes et tous les billets ont été vendus.

Concernant la salle principale, il s’agissait de la plus petite scène au Roskilde Krongrescenter. Pour la troisième édition, on a déménagé la scène principale dans une grande pièce du même endroit. Il y aura donc trois scènes : le Gimle, le King Roar’s Hall et une troisième scène plus grande le « Might & Magic Realm ».

3/ Quelles sont les nouveautés pour la prochaine édition ?

On travaille sérieusement pour qu’il y ait plus que de la musique concernant les activités au sein du festival.

Comme on sera en Avril l’année prochaine, on espère pouvoir mettre en place pas mal de choses en plein air. Mais pour l’instant je ne peux pas encore le dire.

En tout cas on va garder autant que possible tous les jeux vidéo, jeux de rôle et toutes les activités autour de l’univers fantaisie. Je veux vraiment conserver tous ces éléments !

Il y a eu un grand festival de fantaisie en plein air au Danemark ce week-end, pas de musique mais juste autour de la fantaisie avec pas mal de jeux de rôle, du Donjons & Dragons etc. On veut mettre en place quelque chose dans le même style en plus de la musique.

Dans les nouveautés il y aura aussi les nouvelles flèches d’indication sur lesquelles on travaille, et bien sûr comme je l’ai dit il y aura une nouvelle scène et ça va être super !

4/ Et justement, c’était une super idée d’avoir mis en place, au sein du festival, des activités que les fans de Power pouvaient aimer ! Est-ce qu’on retrouvera les jeux de sociétés, jeux de rôle, jeux vidéo comme Zelda etc. ?

Il y aura clairement les mêmes activités l’année prochaine.

La personne qui gère le stand jeux vidéo autour de Zelda tient un magasin orienté Nintendo et adore aussi l’univers fantaisie. Il sera de nouveau là lors du festival.

Tous les costumes et les photobooth seront encore là aussi. Il y aura toujours les signing sessions etc.

On essaie de faire évoluer le festival chaque année. La première année, il y avait un coin pour jouer à Donjons & Dragons. On conserve tout en ajoutant davantage de nouveaux jeux de rôle.

Toute nouveauté va évoluer avec le festival !

5/ Comment as-tu réussi à faire venir tous les groupes à l’Epic Fest ? Sachant qu’il y a Stratovarius cette année, c’est un grand groupe !

Je pense que tout est lié avec l’ambiance autour du festival.

De toute évidence, c’était très important d’avoir un grand groupe comme Blind Guardian durant la première édition, ça a permis au festival de se faire connaître et donc de donner envie aux groupes d’y venir jouer.

Puis on a eu beaucoup de soutien de la part de la population danoise. Les groupes de Metal et fans n’écoutent pas du tout de Power Metal chez nous mais ont trouvé notre festival très intéressant. A mon avis ça a joué un rôle important pour nous en tant qu’organisateurs, dans le but de faire évoluer le festival et de pouvoir amener de plus grands groupes, car on a reçu énormément de soutien au Danemark.

Tout ça nous permet de maintenir une bonne énergie. J’essaie de contacter les agents des groupes, en leur expliquant que l’on gère ce festival, en disant que, certes ce n’est pas un grand festival, mais ça peut les aider au niveau de leur budget pour les tournées. Par exemple, si des groupes passent en Allemagne pour aller ensuite en Suède, ils peuvent faire une escale à l’Epic Fest et jouer face à un plus grand public qu’ils n’ont jamais vus avant au Danemark. Bien sûr il peut être question d’argent mais c’est aussi une occasion pour les groupes de jouer sur des plus grandes scènes auxquelles ils n’ont pas l’habitude.

6/ C’est assez original de faire un festival sur deux salles de concerts (maintenant trois) à côté. Est-ce que tu penses qu’un jour l’Epic Fest pourra être en plein air comme la plupart ?

Avec tout ce qu’on a déjà forgé, on ne veut pas entrer en compétition avec les autres festivals majeurs de l’été, c’est clairement impossible pour nous on a déjà perdu depuis le début (rires). Tous ces grands festivals accueillent souvent en commun beaucoup de grands noms, c’est donc impossible d’accueillir le même public de notre côté.

On a besoin d’avoir un festival qui peut avoir lieu n’importe quand dans l’année, ça peut être l’hiver, l’automne etc. On ne veut pas être fixé à une période spécifique. On peut l’organiser en parallèle d’une tournée comme cette année avec la tournée de Beast In Black, Gloryhammer et Brothers Of Metal, quand c’est comme ça après il ne nous reste plus qu’à réfléchir au reste du programme.

Bien sûr comme c’était en janvier cette année on ne pouvait pas le faire à l’extérieur vu comment il faisait froid (rires). Après si l’Epic Fest a lieu au Printemps comme l’année prochaine ou en Automne, il peut être possible de mettre en place des choses à l’extérieur. Je ne pense pas forcément à une scène mais peut-être un petit marché ou quelque chose du genre, on verra !

7/ Quels sont tes futurs projets pour le festival ? Est-ce que tu imagines en faire un événement encore plus grand ?

On a une limite en terme de capacité.

Déjà, comme je l’ai dit, cette année il y a une troisième scène, la nouvelle scène principale. J’espère pouvoir agrandir le festival à l’avenir, mais pour l’instant on va garder cette capacité stable et régulière.

On va aussi voir comment ça évolue l’année prochaine, afin de voir ce qu’on pourra faire durant la quatrième ou la cinquième édition. Je pense que la troisième édition pourra indiquer comment on pourra évoluer dans le futur.

8/ Est-ce que tu penses que le festival pourrait s’ouvrir vers d’autres styles de Metal ou tu veux conserver ce côté très intimiste ?

L’Epic Fest est clairement destiné à être un festival de Power Metal.

Après je ne vois pas de problème à inclure des groupes pouvant se rapprocher du Power dans leur style, que ce soit l’univers ou la musique. Par exemple des groupes de Metal Symphonique comme Nightwish ou Epica pourraient être conviés les éditions suivantes.

L’an prochain il y aura Iotunn, un groupe danois local qui n’est pas 100% Power Metal avec des éléments extrêmes, un peu comme Wintersun, qui pourrait être sur une programmation plus tard aussi.

Il y aura Ross The Boss en 2025, qui lui a un style Heavy Metal orienté vers un côté épique.

L’Epic Fest sera toujours un festival de Power Metal, mais il pourra toujours y avoir par moment des groupes pouvant être appréciés par les fans du genre, ou du moins se rapprocher du caractère épique.

En janvier, il y avait bien eu Megaton Sword qui est du Heavy mais vu que ça parle de tenir une épée c’était bon pour les faire venir (rires). En tout cas, les groupes Heavy dans cette atmosphère comme Eternal Champion ou Visigoth seront les bienvenus.

9/ Quand on parle Power Metal, le Danemark n’est pas le premier pays auquel on pense. Comment te sentais-tu à l’idée de monter un festival de Power dans ton pays ? Sachant que quasiment tous les passionnés de Power Metal connaissent maintenant l’Epic Fest.

On n’avait aucune attente concernant le fait que tous les fans connaissent notre festival (rires).

On a organisé ce festival car, Lauge et moi, on est de vrais passionnés de Power Metal. On voulait faire quelque chose que l’on ne retrouvait nulle part ailleurs.

On a tous les deux été au Wacken, j’ai même été au Hellfest cette année comme je suis allé au ProgPower aux Etats-Unis l’an dernier. On ne trouve dans aucun festival toute l’atmosphère fantaisie.

Quand on a réussi à avoir Blind Guardian lors de la première édition, on s’est dit qu’on allait voir jusqu’où on pouvait aller.

On n’avait pas forcément pour objectif de vendre tous les billets à l’origine, on espérait juste que ça allait attirer au moins un petit nombre de personnes. Finalement, beaucoup de gens venus d’autres pays ont acheté leur billet, que ce soit l’Islande, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suède, la Finlande…

Beaucoup ont commencé à parler de notre festival un peu partout dans le monde, c’est pourquoi on a rapidement révélé l’affiche de la deuxième édition et ça a fait venir plus de monde venant d’autres pays encore. C’était vraiment cool, des gens venant d’Espagne et même du Brésil sont venus cette année. Il y a même eu un japonais qui, d’ailleurs, est reparti avec le dragon de Twilight Force pour rentrer chez lui au Japon (rires).

Il y aura plus de japonais, plus de français aussi l’an prochain… Et c’est ça qui vraiment cool avec le Power Metal, ça réunit une communauté partageant la même passion avec des gens venant de partout dans le monde. C’est également le seul festival au Danemark qui possède ce type d’ambiance.

Dans un milieu underground comme le Power Metal, on est tous unis ! J’aimerais beaucoup voir les drapeaux de chaque pays l’an prochain histoire de voir d’où viennent tous les fans, ce serait cool d’avoir une photo avec tous les drapeaux !

10/ Que représente le Power Metal pour toi ? Pourquoi aimes-tu ce genre ?

C’est la question la plus cruelle ça (rires). A mon avis, c’est l’atmosphère que ce style peut créer par rapport tous les éléments mélodiques ainsi que les refrains mémorables.

La mélodie résonne juste dans ta tête, c’est un des points les plus importants dans le Power Metal. Pour ce qui est de la musique, c’est tout dans la mélodie et dans les très bons riffs. Pour moi, c’est plus ça que « l’univers des licornes ».

Je suis allé voir Avantasia et Blind Guardian en concert et on chantait les mélodies dans le public, c’est ce qui m’a transporté.

J’adore Avantasia, ce serait génial de les avoir un jour à l’Epic Fest. J’ai toujours adoré Avantasia mais aussi Helloween, tous les grands noms du genre. J’aime beaucoup Crimson Glory aussi, un groupe qui a influencé beaucoup de groupes de Power et c’est cool de les avoir l’an prochain.

11/ Que penses-tu de l’état, ou évolution, du Power Metal aujourd’hui ? Entre les vieux groupes comme Helloween ou Blind Guardian qui continuent de se produire, aux groupes modernes comme Sabaton voire Beast In Black ?

Peut-être que c’est devenu un peu plus commercial ces dernières années. Le côté mélodique a été conservé mais il y a presque que des chansons courtes, d’une durée faite pour la radio, surtout avec Sabaton et Beast In Black. Mais ça attire quand même beaucoup un public jeune. Beaucoup de jeunes sont venus voir Beast In Black à l’Epic Fest cette année, tout comme Gloryhammer.

Personnellement, je trouve ça positif qu’une nouvelle scène Power Metal, même Metal en général, attire un public plus jeune. Sabaton peut être en tête d’affiche sur toutes les programmations des festivals majeurs, de même pour Powerwolf qui peut être en tête d’affiche sur tous les festivals européens. C’est très positif de voir que ces groupes, pouvant être en tête d’affiche de festivals comme le Hellfest ou le Wacken, font partie de la scène Power Metal.

Mais pas mal de gens peuvent penser que les anciens groupes sont meilleurs, ça peut être un long débat. Après, en tant qu’organisateur de festival, je trouve ça bien d’avoir des groupes comme Beast In Black, Gloryhammer ou Orden Ogan en tête d’affiche car ils permettent de maintenir la scène Power Metal en bonne forme. Ces groupes sont complets à chaque concert et attirent aussi en festival. C’est vraiment cool qu’ils arrivent à faire ça.

Ensuite il y a toute cette ambiance fantaisie avec Twilight Force, Gloryhammer ou Brothers Of Metal, tous déguisés sur scène. De même les premiers groupes de Power apportaient aussi cette atmosphère. C’est souvent considéré comme stupide mais en vrai c’est naturel, c’est ça qui est fun et cool en live, on passe un bon concert. Cela apporte un autre élément au genre qui est déjà très positif et très fun.

Résumé

BenPMF
BenPMF
Musicien à ses heures perdues passionné de Power, les mélodies et orchestrations épiques illuminent son bonheur. Ce barde des temps modernes puise son inspiration du côté de Helloween et de Gamma Ray sous un air joyeux de Freedom Call. Son univers s’élargit aussi autour des contrées imaginaires de Stratovarius, Dragonforce, Avantasia, Rhapsody, Blind Guardian… Et bien d’autres encore !