Nouvelle pépite du Power Metal français, Bloodorn fait sensation avec son premier album “Let the Fury Rise”. Conception de l’album, style musical, état du Power metal en France, Nils Courbaron créateur du groupe et Johann Cadot compositeur des lignes de chant se livrent. Interview
Interview réalisée en visio le vendredi 7 mai, par Benoit et Clément
1/ Bloodorn est un groupe qui s’est formé en 2020, pendant le pandémie de Covid. Comment s’est faite cette création ?
Nils Courbaron (fondateur du groupe et guitariste): Ca fait des années que j’envisageai de faire un groupe de Power metal, car c’est le style que j’aime le plus. Il y a certaines idées de l’albums comme « Fear the Coming Wave » que j’ai écris il y a 7-8 ans. En 2019, je suis rentré de tournée avec Sirenia (groupe de metal sympho), j’ai alors considéré avoir acquis suffisamment d’expérience et de contacts pour lancer mon propre groupe.
2/ Bloodorn est un groupe international, on y retrouve l’italien Francesco Ferraro de Freedom Call, le grec Mike Livas de Silent Winter (groupe de Power metal grec) et l’anglais Michael Brush de Magic Kingdom (groupe de Power belge). Comment as tu réussi à les convaincre de te rejoindre ?
Nils Courbaron : Francesco Ferraro avait besoin de faire quelque chose de différent, de Freedom Call, je l’ai contacté pour participé au projet, il a dit let’s go c’est mortel. Pour Mike Livas, je cherchais une voix particulière, je suis très fan de Michael Kiske d’Helloween, je voulais un mec qui ait un timbre de voix badasse, assez bas, mais aussi qui est capable de monter aussi haut que celui de Yannis Papadopoulos de Beast in Black.
3/ Pour ce premier album, tu as fait appel à Johann Cadot, qui officie dans un autre groupe de Power metal français, Asylum Pyre. Johann a écrit les paroles et lignes de chant. Pourquoi avoir fait appel à lui ?
Nils Courbaron : Je connais Johann depuis des années, j’ai joué avec Asylum Pyre en session. J’ai toujours reconnus son talent de composition: c’était la personne a contacter. On a beaucoup de gouts musicaux en communs.
Johann Cadot : Je suis à la fois dedans et dehors, je fait partie des interprètes, j’interviens en coup de main. C’était un plaisir pour moi d’écrire les lignes de chants des paroles. Lorsque Nils m’a parlé de son projet j’ai accroché, j’aime tous ce qui est création.
4/ Pourtant Asylum Pyre a un style très différent de celui de Bloodorn ? L’adaptation n’était pas difficile?
Johann Cadot : Oui le style est différent, mais tu sais j’aime bien le black metal ! Les paroles d’Asylum Pyre sont très noirs également, bien qu’on soit pas dans un style aussi extrême que Bloodorn. Je trouve intéressant le fait de s’adapter aux différents styles.
5/ Quel est le style musical de Bloodorn ? Quelles sont vos influences ?
Nils Courbaron: Je considère Bloodorn comme un groupe de “extrême Power Metal”. C’est quelque chose dont je me suis inspiré de DragonForce. Ce sont les premiers qui ont revendiqué faire de l’Extrême Power Metal, mais pour eux le terme extrême est dans la rapidité des tempos. Pour moi, l’extrême c’est un style. Si tu prends un titre comme “God Won’t Come” le blast d’intro c’est un blast de Death Metal que tu retrouves pas dans Dragonforce. Dans beaucoup d’autres compositions de l’album, tu as ce genre de blast comme « Tonight We Fight », dont le style se rapproche de Gojira (groupe de Death français). C’est sans doute dû à mon expérience au sein de T.A.N.K (groupe de death mélo français dans lequel a jouée Nils)
6/ Ce mélange des genre, le Power metal et le Death mélo’ est plutôt rare pourtant
Nils Courbaron :Il y a un groupe qui s’appelle Persuader qui a ce style. Le chanteur a un timbre de voix qui est à 90 % de celui de Hanshi Kurch de Blind Guardian, avec des riffs vraiment plus extrême. On retrouve ce style avec Ancient Bards également. Rhapsody of Fire a rajouté des éléments de Black et Death dans certaines compo, je pense notamment au titre “Reign of Terror” que j’aime beaucoup. Mais Rhapsody a fait de l’expérimentation alors que pour Bloodorn c’est pas de l’expérimentation, je savais dans quelle direction je voulais aller.
7/ Les sujets d’écriture sont assez vastes sur votre premier album « Let The Fury Rise », comment as-tu trouvé cette inspiration ? On a l’air de retrouver des sujets liés à la guerre, la lutte contre l’oppression mais on ressent aussi la mythologie nordique en écoutant la musique
Nils Courbaron: En fait la mythologie nordique c’est un truc qu’on nous a collé. Le nom du groupe -Bloodorn- c’est ma femme qui l’a trouvé ! J’étais en train de regarder des noms de groupe. J’avais pensé a Blood Eagle qui est le terme utilisé pour désigner une torture viking. Il se trouve que la traduction en norrois est “blóðörn“. Ma femme m’a proposé de faire un jeu de mot. C’est partie comme ça.
Pour les paroles, je suis apolitique. La politique et la religion ne m’intéresse pas ; j’ai voulu faire transparaitre ça dans mes paroles. On voulait un style un peu comme assassin creed avec des capuches; on voulait un style dark ; c’est parti dans toutes les directions.
8/ La reprise « Square Hammer » de Ghost est très réussie mais très originale à tel point qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’une de tes compos ! Pourquoi cette reprise ?
Nils Courbaron: Je suis un immense fan de Ghost ; c’est rare que des groupes me foutent des tôles comme ça. Le dernier groupe qui m’a mis vraiment une claque c’est celui là, l’univers est tellement beau et bien fait, c’est anti religieux je suis preneur, je suis friand de marketing, j’adore les groupes qui créé des univers à l’instar de Kiss. Ce cover je l’ai déjà fait sur mon projet perso avec Alessia (ex chanteuse de Temperance) ; j’aime beaucoup ce cover qui n’a pas eu l’exposition qu’elle mérite. On a donc choisi ce titre là ; beaucoup de fans de Ghost nous dégueulent dessus mais c’est l’effet recherché.
9/ Johann a écris les paroles et composé les lignes de chant ; ton rôle est donc essentiel. Comment as tu abordé ton travail ? Comment est-ce que tu as travaillé sur cet album avec Nils ?
Johan Cadot : A la base les compositions existaient , mon rôle était de mettre les lignes de chants et paroles ; donc on a beaucoup travaillé à distance avec Nils. Le cahier des charges était clair, et puis on a des gouts en communs. J’ai bossé chez moi, il existe chez moi des démos avec ma voix dessus mais c’est pas quelque chose forcément à diffuser (rires). L’étincelle et l’état d’esprit du projet c’était Nils. Je suis content, car il y a des refrains accrocheurs sur la chanson “Let the Fury Rise”. Under the Secret Sign” plait c’est cool, ca fait un chouette échange. Il y a une énergie sur ces chansons, et elles sont marquantes
10/ Nils, est-ce qu’il y a selon toi un titre phare, qui représente le mieux Bloodorn ?
Nils Courbaron : Je reprendrais les deux que Johann a mentionné, ce sont majoritairement les lignes vocale de Johann sur les refrains ; quand tu regardes les avis et critiques c’est assez incroyable. La composition, les lignes vocales de Johann, le travail de l’équipe, c’est assez cool.
Johann Cadot : Il y a aussi “Rise Up Again”, car c’est la première sur laquelle on a travaillé, c’était la chanson teste.
11/ Le Power Metal est un style peu populaire en France, mais il a pourtant une fan base solide. Quel est votre regard à tous les deux, Nils et Johan sur le Power Metal et sa relation avec la France ?
Johann Cadot : On va s’arrêter là (rires)
Nils Courbaron : Moi je dirai que ce style est pas très prisé, peu mis en valeurs, c’est un peu galère, les gens me demande quand est-ce que je joue en France. Toutes les offres qu’on a pour Bloodorn c’est à l’étranger.
Johann Cadot : Là ou je me dit qu’il y a de l’espoir, c’est avec Powerwolf et Sabaton. Ils font un énorme carton, mais j’ai du mal à comprendre ; j’ai rien contre ces deux groupes, je les aimes beaucoup mais j’ai l’impression soit ca cartonne soit c’est difficile, y’a pas d’entre deux.
Nils Courbaron : J’ai l’impression qu’en France y’a une grosse politisation de la musique. Par exemple Mass Hysteria qui ouvre pour Metallica au Hellfest et Sidilarsen, qui cartonne, c’est ceux dont j’entend le plus parler. J’ai l’impression que c’est très français d’allier la politique et la musique.
Johann Cadot : Johann : Après y’a politique et politique : y’a la politique ou tu débat, et la politique ou tu te places juste en gros râleur avec cette position à la française ou tu rales, c’est bien beau mais tu fais quoi ?
12 / Avez vous des concerts de programmé ?
Nils Courbaron : on bosse sur une tournée ; c’est notre objectif, mais on peut pas se permettre de faire juste un concert par ci par là, on est un groupe international, ça coute cher de prendre des billets d’avions, de faire les déplacements.
13 / Est-ce que l’on peut imaginer un concert commun Bloodorn – Asylum Pyre ?
Nils Courbaron : Seulement si dans leur set à Asylum Pyre, il a “The Right to Pain” (rires) , c’est ma chanson préférée elle est très power. C’est pas exclu, Johann sera toujours le bienvenu, il fait partie du projet. Si l’occas se présente de faire un Asylum-Bloodorn ça sera fun !
Merci à Nils et Johann pour l’interview !