Interview avec Phoebus the Knight

Interview réalisée le 16 juin 2023

Phoebus the Knight : un groupe unique en France

L’interview du jour nous transporte dans l’univers de Phoebus the knight, un groupe unique en France qui marrie Power metal, metal symphonique et style gothique. Le groupe a inventé une histoire concept mettant en scène les chevaliers d’Heliopolis, une troupe de justiciers se battant contre le mal. Après un premier épisode en pleine Révolution Française, direction le Moyen Age avec leur nouvel EP, “The Cursed Lord”, le premier d’une trilogie intitulée “The Chronicles”. [LIRE CHRONIQUE DE THE CURSED LORD]

Un groupe qui devient incontournable au sein de la scène Power metal Française

1 – Phoebus the Knight s’est formé en 2020. En 3 ans, vous avez sorti 1 album et 2 EP dont le dernier date du 21 juin dernier, “The Cursed Lord”. Vous êtes dans quel état d’esprit ?

Axel de Montalembert (chanteur et fondateur du groupe) : C’est un aboutissement de très long mois de travail et de préparation. Il n’y a pas de manuel “comment créer un album” qui existe. On doit faire comme on peut : contacter les illustrateurs, les prestataires qui impriment les CD’s, planifier la communication, la sortie …

Adrien Djouadou (compositeur, guitariste et chanteur) : On est maintenant plus établi, les gens commencent à nous connaître, on a de belles retombées.

2 – On peut constater que le groupe évolue visuellement : costumes, décors sur scène … Où allez-vous vous arrêter ? Faites-vous vous-mêmes vos costumes?

Axel de Montalembert : On en est aux balbutiements. On ne peut rien révéler, mais il va y avoir du lourd. On bosse avec un costumier, Nicolas Ménou qui est un artisan spécialisé dans le cuivre. Il bosse dans le cinéma français ainsi que pour l’émission “Mask Singer”.

Adrien Djouadou : On prépare un show, on veut que cela aille beaucoup plus loin. Plus le groupe va avancer, plus on va avoir de moyens et plus on verra l’évolution artistique.

De gauche à droite, Noémie Allet, Adrien Djouadou, Axel de Montalembert, Adrien Guingal, Guillaume Remih ©ElodieCledes

3 – Vous vous êtes produits le 14 juin au “Hellfest le Off”, la veille de l’ouverture du Hellfest. Pouvez-vous nous dire en quoi cela consiste ?

Adrien Djouadou: C’est un mini festival gratuit, qui est avant le Hellfest, financé en partenariat avec le Leclerc de Clisson.

Noémie Allet (chanteuse, basse) : Il y a deux scènes, les groupes alternent pendant deux jours !

Axel de Montalembert : Nous nous sommes confrontés avec un public dont on ne savait pas quelles seraient les réactions. On a eu la bonne surprise de voir des fans qui nous attendaient, et si je peux me permettre, on a créé la surprise, les gens ne s’attendaient pas à voir un groupe de Power sympho’.

Une histoire concept, d’heroic fantasy qui met en scène des chevaliers en lutte contre le mal

4 – Votre premier album mettait en scène Phoebus, un chevalier alchimiste qui, avec ses compagnons combattent les forces du mal à l’époque de la Révolution Française. Votre nouvel EP nous plonge cette fois-ci au Moyen Age. Doit-on s’attendre à ce que les prochains EP continuent à nous faire voyager à travers l’Histoire ?

Axel de Montalembert : Le but est que l’auditeur puisse voyager à n’importe quelle période sur n’importe quel point de la planète. Le but est de s’amuser avec les époques, sonorités, cultures, d’avoir le loisir de changer de terrain de jeux régulièrement. En plus de ces EP, nous sortirons un petit roman qui accompagnera l’auditeur afin qu’il puisse suivre l’histoire dans sa globalité.

5 – Pourquoi avoir choisi plus précisément la période médiévale ?

Adrien Djouadou : On a voulu avoir une histoire type Donjons et Dragons dans un truc médiéval où on va avoir la lutte du bien et le mal le plus marqué possible, qui met en avant les aspects de justice, avec l’aspect guerrier des chevaliers d’Heliopolis. On a des défenseurs qui mettent les mains dans le cambouis.

6 – “The Cursed Lord” met en scène Gilles de Rais, un personnage historique qui a réellement existé. Il est considéré par certains historiens comme l’un des premiers tueurs en série de l’Histoire, mais cela est contesté par d’autres historiens. Pourquoi avoir choisi cette figure historique ?

Axel de Montalembert : Adrien m’a dit que ça serait sympa de reprendre une histoire en mode Donjons et Dragons. J’ai réfléchi et je me suis posé comme question, quels personnages les chevaliers d’Heliopolis aimeraient attaquer ? Quel mage noir ils aimeraient combattre ? Je me suis rappelé de Gilles de Rais, je me suis dit que c’était le personnage idéal. On a affaire à une figure controversée, maréchal de France, capitaine de Jeanne d’Arc, qui est devenu fou, a fait des saloperies à 200 enfants, qui assassine. J’ai choisi de reprendre l’avis de Matei Cazacu (Note, un historien français). Cazacu dit qu’on a tellement de témoignages que forcément il y a une part de vrai. Gilles de Rais face aux témoignages a tout avoué. S’attaquer à une telle personne ça donne tellement de matière !

7 – Je pense à un autre personnage qui a eu une histoire très controversé, la comtesse Elisabeth Bathory, qui a été accusée en Hongrie d’avoir massacré de nombreuses femmes. Elle pourrait faire un bon personnage pour une histoire future non?

Axel de Montalembert : J’ai pour ça une grande admiration et aussi une petite jalousie de nos collègues suisse Burning Witches qui viennent de sortir un album sur Elisabeth Bathory. C’est un thème que j’aurais bien aimé abordé. Elle pourrait être un personnage intéressant.

8 – Vous êtes donc partis d’une histoire réelle, la folie de Gilles de Rais, qui va être confronté aux chevaliers d’Heliopolis, donc à des justiciers

Adrien Djouadou : Dans la version Phoebus y’a des démons, des morts qui sortent de leur tombes, c’est la version Donjons et Dragons.

Axel de Montalembert : C’est la version High Fantasy, le mal se répand tellement que le grain est contaminé. Des zombies sortent, il y a une sorcière qui se promène … Cette sorcière est inspirée par une personnage historique, qui s’appelle Meffraie, qui a réellement existé et qui était aux ordres de Gilles de Raie. Elle capturait les enfants. On en a fait une sorcière. Dans notre histoire, les chevaliers d’Heliopolis connaissent Gilles de Rais, ils sont avec lui et Jeanne d’Arc au siège d’Orléans. Ils ne comprennent pas la folie de Gilles de Rais : ils enquêtent et découvrent les horreurs qu’il a commis. Ils ne peuvent pas laisser passer cela, ils vont donc l’attaquer.

Les chevaliers d’Heliopolis attaquent la cour du château ou se trouve Gilles de Rais. Elle est remplie des hordes de démons et de mages noirs au service de Gilles de Rais qui a créé une grande confrérie ….Ils déboitent tout le monde ! Pour écrire mon histoire, je me suis basé sur un bouquin de magie noire du 16ème siècle de Jean Bodin. Jean Bodin est un démonologue, il étudie la magie noire d’un point de vue académique pour en démontrer les méfaits. Jean Bodin explique que Gilles de Rais voulait convoquer 4 démons afin de faire venir Lucifer sur terre. Il voulait se venger de Dieu et faire revenir Jeanne d’Arc.

Dans notre EP, ces démons ont pris possession d’humains dans le château. Ils font un rituel pour faire venir Lucifer sur terre. Le but est de justifier les meurtres de tous ces enfants.

Les chevaliers d’Heliopolis vont affronter ces démons ainsi que Gilles de Rais. C’est un combat pas simple, très difficile, ils vont parvenir à les vaincre grâce au plus beau cadeau que Dieu est accordé à l’humanité : la lumière, qui va bannir les démons.

Adrien Djouadou : Gilles de Rais est arrêté et amené en justice. Il va être exécuté. Dans la dernière chanson de l’EP, la marraine elfique de Gilles de Rais va pleurer sa mort. Cette chanson montre qu’il avait des racines dans la lumière, elle était censée le guider sur le chemin du bien, vers la lumière, elle a échoué.

Axel de Montalembert : Cette chanson montre qu’il avait été aimé. Cette femme revient, elle était censée le protéger, elle n’était pas là pour lui.

9 – J’ai l’impression qu’avec cet EP, Phoebus the Knight inscrit davantage son style dans le metal symphonique. On y retrouve moins le style “gothique” et death mélo de votre album précédent.

Adrien Djouadou : Cela dépend des morceaux. Sur “The Cursed Lord” on est presque sur du Thrash sympho’. Mais là où tu as raison, c’est qu’il y a beaucoup de sympho sur le titre ” Black Dungeon”, on est sur du modern metal symphonique. Mais ça ne veut pas dire que le style du groupe évolue. On se permet toutes les largesses possibles.

10 – Adrien, comment composes-tu les orchestrations ?

Axel me parle du sujet, écrit l’histoire, je la lis, et j’ai la musique qui vient en tête. Je réalise le morceau en un ou deux jours. Il faut que j’écrive tout l’orchestre ça prend du temps. L’orchestre est un instrument complexe, puisqu’il est composé d’un certain nombre d’instruments. Je ne suis pas au niveau des compositeurs que j’admire, mais plus j’en fais, plus j’ai des idées, c’est l’artisanat qui progresse.

11 – Guillaume, tu es le batteur du groupe. Ton parcours est intéressant : tu as une chaine YouTube appelée “Batteur de Metal” où tu montres ton travail et comment tu pratiques de ton instrument. Tu es également le batteur d’un autre groupe, “Crystal Throne”. Quelle est ta place au sein de Phoebus the Knight ?

Guillaume Remih (batteur) : J’ai démarré la batterie en autodidacte. J’ai arrêté parce que j’ai fait des études supérieures, et suite à une rupture amoureuse, j’ai décidé de reprendre mon instrument, et faire une chaine YouTube pour montrer mon parcours. J’ai pu faire pas mal de contact. Sans cette chaine je ne serais pas dans ce projet.

Adrien Djouadou : Pour la petite histoire sans sa chaine YouTube on ne l’aurait jamais trouvé. On cherchait un batteur, mais on ne trouvait pas chaussure à notre pied. Je suis allé voir sur YouTube, je tape batteur de metal français, je tombe sur sa chaine, je regarde une vidéo de lui en train de jouer du Eluveitie, je le vois faire un double comme il faut et je lui ai envoyé un message (rires!)

Guillaume Remih : L’histoire très marrante, c’est que quand j’ai vu son message, ça paraissait trop beau: Adrien m’a dit que le premier album était en préparation, que les maquettes étaient prêtes, et que l’album allait être mixé par celui qui a mixé Powerwolf et Epica. J’ai pensé que c’était une arnaque, je me suis dit que je répondrais jamais. J’ai attendu deux trois jours, et puis finalement j’ai répondu, le courant est bien passé, et maintenant on est des amis !

12 – Noémie, tu t’es beaucoup investie pour Phoebus the Knight puisque tu as appris la basse. Tu chantes également dans cet EP. Tu interprète une elfe dans la chanson “The Tears of Rowena”. Est-ce que tu vas growler à terme pour Phoebus the Knight ?

Noémie Allet : J’aime beaucoup le growl, et je le travaille actuellement. J’aime les chants extrêmes ! Avec Phoebus the Knight j’interprète différents personnages, j’apprécie ce travail et chanter me fait plaisir !

Axel de Montalembert : Noémie fait un travail remarquable. Dans notre premier EP elle joue deux personnages, en les chantant hyper différemment, elle a fait un travail considérable. J’avais l’impression d’entendre une naine avec sa hache de guerre en train de défendre Baraz Dûm dans notre premier EP.

13 – Axel, en plus d’écrire l’histoire de Phoebus the Knight, tu chantes avec une voix semi-lyrique au sein du groupe. On a l’impression que tu puises ton style dans l’opéra. Tu sembles prendre beaucoup de plaisir dans ton travail.

Axel de Montalembert : J’ai commencé par l’opéra, mais j’ai pas une expérience académique comme Adrien. Ce qui m’intéresse c’est de chanter un peu ce qui me plait. J’ai la chance d’avoir des musiciens qui m’accompagnent dans mes délires. Le fait de pouvoir jouer la Bête (note: le grand méchant de l’Histoire que l’on va retrouver en fil conducteur au fil des albums du groupe) et le chevalier ça me permet de jouer ce que je veux vocalement, c’est un vrai kiff, une vraie envie. Ce qui est impossible avec l’opéra. Je me souviens dans mes cours d’art lyrique, je ne pouvais pas faire ce que je voulais. Dans ce projet merveilleux je propose des choses différentes.

14 – Tarja Turunen, ex-chanteuse de Nightwish est pour toi une grande inspiration.

Axel de Montalembert : J’ai pu échanger très brièvement avec elle, elle en a pris beaucoup dans la tronche, s’est beaucoup battue, à créer son propre projet, elle va très loin. Ses derniers singles sont sortis du metal, elle fait ce qui lui plait, parce qu’elle en a envie. Ça pour moi c’est un exemple, j’ai énormément d’admiration. Les jours ou ça va mal je pense à Tarja, à ce qu’elle a fait, ça me booste.

Un grand merci à Phoebus the Knight pour leur temps et pour avoir répondu à nos questions

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