Dans la nuit du 7 au 8 juin 2019, le Power Metal perdait l’un de ses soldats. Victime d’une crise cardiaque, André Matos laisse derrière lui un souvenir impérissable et des légions de fans en deuil. Retour sur sa carrière de Viper à Angra en passant par Shaman et son projet solo.
Le Power Metal, c’est avant tout une histoire de passion, de talent, et de charisme. Andrés Matos, c’était tout ça à la fois. André, c’était d’abord une voix. Capable de monter très haut et très fort dans les aigues, il est un exemple typique du genre, inspirant bon nombre de disciples qu’ils soient amateurs ou professionnels. André, c’était aussi une gueule. Beau gosse, la crinière toujours bien lisse et bien coiffée, il avait une gueule qui interpellent, une gueule que l’on n’oublie pas. Enfin, André, c’était une présence scénique de haut niveau. Il occupait la scène dans toute sa longueur, micro en main, haranguant la foule comme personne.
André Matos voit le jour à São Paulo, en 1971. Très jeune, c’est d’abord au piano que André découvre la musique. Très vite, les sirènes du Heavy Metal le charme. À l’âge de 13 ans, il rejoint le groupe brésilien Viper avec lequel il enregistrera deux albums : « Soldiers of Sunrise » (1987) et « Theatre of Fate » (1989). La formation se démarque déjà pour ses influences mêlant musique classique et Heavy Metal.
Alors que André fait une pause avec Viper pour terminer ses études de musicologie en Allemagne (l’une des terres de prédilection de Power Metal, faut-il le rappeler), il rentre au pays et forme Angra en 1991. « Angels Cry » sort en 1994 et révèle la voix de André Matos au monde. Le succès est déjà au rendez-vous au Brésil et en Europe avec des titres légendaires comme « Carry On », « Angels Cry » ou encore la reprise de Kate Bush « Wuthering Heights ».
Le second album « Holy Land » débarque en 1996. L’album-concept, qui conte l’Histoire du Brésil, est sans doute le meilleur du répertoire de Angra avec un univers symphonique ultra présent, mélangeant des influences brésiliennes à un son très Heavy, le tout porté par la voix de André Matos au sommet de son talent. Si vous ne connaissez pas cet album, écoutez « Nothing to Say » qui résume à elle seule la magie de cet opus. Dans la même idée, « Carolina IV » nous plonge dans 10 minutes de bonheurs, parfois étonnantes, au sein de ce joyeux mélange incroyablement efficace. C’est l’album de la consécration pour Angra : succès en Amérique du Sud, en Europe et en Asie. « Holy Land » donnera notamment naissance à un album live « Holy Live » qui ne laissera que 6 malheureux titres au vu de la piètre qualité d’enregistrement du concert…
En 1998 sort « Fireworks », troisième et dernier album de Angra avec André Matos. L’opus laisse encore plus de place aux parties symphoniques, d’autant plus que celles-ci sont enregistrées par un véritable orchestre dans les célèbres studios Abbey Road de Londres.
La rupture intervient en 2000 alors que André Matos quitte Angra avec Ricardo Confessori (Batterie) et Luis Mariutti (Basse) pour former Shaman. L’idée est de revenir à un style plus proche de « Holy Land ». D’ailleurs, le nom Shaman fait référence au titre « The Shaman » qui apparait sur « Holy Land ». Le premier album « Ritual » apparait en 2002 avec un accueil plutôt favorable de la part de la presse spécialisée. Cependant, Shaman n’aura jamais le succès de Angra malgré une signature avec le label allemand AFM Records en 2005. La notoriété du groupe parviendra difficilement à franchir les frontières du Brésil.
En 2007 sort « Time To Be Free » qui marque les débuts de sa carrière solo. Cette période verra naitre 4 albums solo ainsi que quelques collaborations notamment avec Timo Tolkki avec qui il forme le groupe Symfonia, ainsi qu’avec Tobias Sammet à travers Avantasia.
La suite, nous la connaissons. Cinq jours après être apparu sur la scène de São Paulo au côté de Tobias Sammet sur le « Moonglow World Tour » de Avantasia, une crise cardiaque vient mettre un terme aux jours de André Matos, à l’âge de 47 ans.
André a été incinéré à São Paulo, dans la plus stricte intimité familiale, selon ses volontés. Pour la petite histoire, Paolo Barron (manager de Angra et de Shaman) a avoué que André Matos prévoyait un retour au sein d’Angra pour une tournée et un album…
En passant à la postérité, André Matos entre définitivement dans le panthéon des légendes du Heavy Metal. Il laisse derrière lui des titres incontournables et un souvenir impérissable auprès d’une colonie de fans, orphelins d’une idole.