Judicator fait son grand retour avec un line-up modifié et un album beaucoup plus sombre que les précédents. Exit les grands récits historiques ! Ici, John Yelland (compositeur et vocaliste) nous fait entrer dans son intimité en mettant en musique la tragique disparition de son frère…
C’est dans un registre plus grave et plus lugubre que Judicator nous revient cette année, avec un sixième album studio « The Majesty of Decay » (2022). Si les natifs de Tucson dans l’Arizona ont laissé de côté le registre historique qui les caractérisait jusqu’alors, c’est pour aborder un sujet qui a définitivement marqué la vie de son compositeur et chanteur John Yelland, à savoir la mort brutale de son frère, emporté par un cancer. Ce nouvel opus fait échos à « At the Expense of Humanity » (2015) qui abordait déjà le sujet. Ici, Yelland traite la question différemment, profitant d’une meilleure production qu’à l’époque mais aussi d’un line-up modifié avec l’arrivée des grands John Dolan (basse) et Balmore Lemus (guitare) qui disposent tous deux d’un rôle central dans la réussite de cet album.
La chronique
Si ce « The Majesty of Decay » œuvre dans un registre moins épique qu’à l’accoutumé, il n’en reste pas moins un album remarquable. Même s’il laisse transparaitre quelques temps faibles (« From The Belly of The Whale », « The Black Elk »), l’ensemble offre à l’auditeur une histoire forte, triste certes, mais magnifiquement mise en parole et en musique.
Pour raconter son histoire, John Yelland (vocaliste) a écrit des compositions sombres, pesantes, parfois même oppressantes. Pourtant, il n’est pas rare que la lumière s’immisce çà et là, notamment sur les refrains qui prennent une tournure liturgique. Yelland étant lui-même très religieux, ses textes confrontent souvent la maladie à la religion, offrant à l’auditeur une expérience bluffante. Le titre éponyme « Majesty of Decay » traduit bien ce parti pris. Sans doute l’un des titres les plus complets de l’album, il laisse transparaitre une grande agressivité qui tend à s’estomper au profit de refrains bibliques.
Autres titres à retenir, les indissociables « Ursa Minor » et « Ursa Major » (littéralement Petite Ours et Grande Ours) où John Yelland parle de son « Brother Bear », surnom qui reviendra plusieurs fois dans l’album, pour personnaliser son frère disparu. « Ursa Major » nous offre très certainement le refrain le plus efficace de l’album, couplé à un travail combiné époustouflant de Balmore Lemus (Guitare), John Dolan (Basse) et Jordan Elcess (batterie).
Retenons aussi l’excellent « The High Priestess » qui tranche un peu avec le reste de l’album car nous avons affaire à un titre un peu plus « festif » avec des cuivres et des chœurs particulièrement accrocheurs, ainsi qu’un ton un peu plus léger. Une petite pépite au sein de cet album qui va nous emmener jusqu’à un dénouement particulièrement sombre…
Pour conclure son récit, Yelland compose deux titres poignants. « Judgment » d’abord, qui personnalise les derniers instants de vie de son frère, sur son lit de mort. Un récit très personnel, humain, qui traduit la souffrance et la résilience auxquels ont dû faire face sa famille lors de la disparation du « Brother Bear ». Enfin, « Metamorphosis » est une ode au frère disparu. Prenant parfois la forme de cantiques religieux, ce dernier titre est l’occasion pour John Yelland de dire merci à ce frère si cher à son cœur qui, à travers cette épreuve, l’aura « métamorphosé » en bien.
Sortie : 25 novembre 2022
Label : Prostethic Records
Genre : Heavy/Power Metal
1. Euphoric Parasitism
2. The Majesty of Decay
3. From the Belly of the Whale
4. Daughter of Swords
5. Ursa Minor
6. Ursa Major
7. The High Priestess
8. The Black Elk
9. Judgment
10. Metamorphosis