Les français d’Amon Sethis reviennent avec un troisième album de Power Prog aux allures hollywoodiennes : “Part 0 – The Queen With Golden Hair”. Rencontre Avec Julien Tournoud (chant) et Olivier Billoint (guitare), principaux compositeurs de la formation grenobloise.
Interview réalisée sur Skype le dimanche 29 novembre 2020
Amon Sethis est créé en 2007 par Julien Tournoud sur un concept autour de l’Egypte Ancienne. Après un EP et 2 albums, la formation totalise plus de 90 concerts en France et dans les pays frontaliers. Aujourd’hui, le line-up se compose de Julien Tournoud (chant), Olivier Billoint (guitare), Laëtitia Bertrand (basse), Sébastien Perrad (batterie) et de Benjamin Naire (claviériste).
1- A quelques jours de la sortie de “Part 0 – The Queen With Golden Hair”, comment vous sentez-vous ?
Julien Tournoud – Super bien ! Le climat reste morose évidemment même s’il tend à s’améliorer. Nous sentons que les gens ont besoin de musique et de loisirs. Je pense que notre album sort au bon moment car les gens ont besoin de se changer les idées. On le ressent dans notre promotion : ça prend ! Le premier single a très bien fonctionné et les précommandes de ce nouvel album ont bien démarré.
2– Au vu de la crise sanitaire que nous traversons, comment se sont déroulés l’écriture et l’enregistrement de l’album ?
Olivier Billoint – L’écriture nous a pris du temps. Mais c’était bien avant la crise sanitaire. Elle a commencé après la sortie de “Part II – The Final Struggle”, en 2014. L’enregistrement est terminé depuis la fin de l’année 2019. Le travail de studio (mastering, mixage) s’est fait cette année, à distance.
3- Parlons du concept “Amon Sethis”. Votre groupe s’inspire de l’Ancien Empire d’Egypte qui remonte à plus de 2000 ans avant notre ère. C’est peu commun ! D’où vous vient cette idée ?
Julien Tournoud – J’ai toujours été passionné d’Egypte, je suis d’ailleurs titulaire d’une Maitrise d’Histoire Ancienne. Amon Sethis me permet de marier mes deux passions : l’Histoire et la musique. Nous mettons le doigt sur une période un peu obscure de l’Egypte ancienne, à savoir la 7ème dynastie. L’Histoire ne nous a laissé que très peu de traces de cette période. Je suis donc parti d’un personnage pseudo-légendaire : la reine Nitocris, pour pouvoir créer de toute pièce un univers. En quelque sorte, Amon Sethis écrit l’Histoire de la 7ème dynastie égyptienne. Mais tout est inventé ! Nos deux premiers albums inventent d’ailleurs des jumeaux, de la reine Nitocris : Amon Sethis et Ateravis.
4- L’album est une parfaite synchronisation entre trois univers musicaux : le Progressif, le Heavy et le Power Metal pour son côté ultra épique. Les sonorités orientales sont hollywoodiennes. Il est même possible d’entendre plusieurs fois parler en ancien égyptien sur vos compositions. Comment écrit-on un album aussi riche et complexe ?
Olivier Billoint – A 80% du temps, tout commence par des riffs de guitare que l’on étudie tous ensemble. En amont, Julien a déjà son histoire décomposée en plusieurs morceaux. On essaye de faire coller les mélodies, les plans, les ambiances avec les thèmes proposés par Julien. Je pense que c’est pour cela que nos albums proposent des morceaux variés, avec des ambiances différentes. Sur notre nouvel album, il y a parfois des morceaux agressifs comme “Mask of Wrath” qui va venir s’intégrer à d’autres morceaux plus posés. Nous faisons en sorte que tout le monde ait la place de s’exprimer : basse, batterie, guitare, clavier. A mon sens, ce qui transforme tout, c’est le travail des claviers et arrangements de Elliot Tordo. C’est monumental ! Il a magnifié notre musique. Les arrangements sont énormes. Comme toi, beaucoup nous font la remarque que notre musique s’apparente à une BO de film.
5- Votre album est particulièrement long. 15 titres pour une écoute complète de 1h18. Sacré voyage non ?
Julien Tournoud – C’est clair ! L’album principal aura finalement 14 titres car l’album était trop long. Il a fallu faire le choix de supprimer un titre, ce qui n’a pas été simple. C’est pourquoi il y aura un cd bonus. Ce sera un album 9 titres qui comprendra cette chanson bonus et des versions alternatives de nos compositions, dont 3 titres en version orchestrale pour rendre hommage au travail de Elliot Tordo. Il y aura aussi des titres live. Ce cd bonus sera disponible sous forme de package avec l’album principal.
6- De quel univers se revendique Amon Sethis ? Le Progressif, le Heavy ou le Power Metal ?
Julien Tournoud – C’est vraiment difficile à dire car les ambiances de nos albums sont différentes et nos influences sont variées… J’ai envie de dire Power Prog aux influences orientales. Je pense que notre son a évolué avec “Part 0 – The Queen With Golden Hair”. Il est beaucoup moins Prog que les précédents, peut-être plus axé Power Metal. On garde une touche Prog, mais les orchestrations et le côté très symphonique de ce nouvel album nous fait sans doute évoluer.
7– Vous avez fait le choix de rester indépendant. Aucune signature avec un label en vue ?
Julien Tournoud – J’ai l’impression que nous sommes fâchés avec les labels… ou alors nous nous y prenons mal. Nous avons eu quelques propositions, mais elles étaient peu satisfaisantes. L’autoproduction a ses avantages ! Certes, c’est plus de travail, beaucoup d’investissements financiers, mais nous récupérons toutes les recettes et nous gardons l’exclusivité créative. J’avoue que j’aurais aimé un label digne de ce nom pour porter cet album, je pense qu’on le mérite, mais ça ne veut pas…
Olivier Billoint – Grace à son vécu dans le monde de la musique, Julien peut s’appuyer sur un réseau non-négligeable. C’est notre chance car ça nous a permis de nous faire connaitre, et d’aller là où d’autres groupes ne peuvent pas, faute de moyens. Concernant le budget, nous mettons tous la main à la poche.
8- Pour la sortie de “Part 0 – The Queen With Golden Hair”, vous avez choisi de multiplier les supports : CD, Vinyles, DLC. Vous proposez même un coffret de votre discographie intégrée dans une pyramide ! Rien n’est trop grand pour Amon Sethis ! Comment faites-vous pour assurer votre promo sans label ?
Julien Tournoud – Grace au réseau et surtout à la débrouille. Nous avons tâté le terrain et écouté la demande. Le vinyle est à la mode depuis plusieurs années. On ne voulait pas passer à côté de ça. Je suis moi-même collectionneur, j’ai toujours rêvé d’avoir un jour mon propre vinyle dans ma collection ! Il s’agit d’un double-album, limité à 100 copies. Concernant le coffret-pyramide, l’idée était de marquer la fin de la trilogie. J’ai la chance d’avoir des amis artisans qui m’ont aidé à construire le prototype. J’ai été bien entouré pour mener à bien ce projet. Nous partons sur 50 pyramides fait main qui comprendra nos trois albums et notre premier EP.
9– “The Queen With Golden Hair” est un prequel de vos deux précédents albums qui content la légende des enfants de Nitocris : Amon Sethis et Ateravis. Avez-vous déjà une idée du thème de votre prochain album ?
Olivier Billoint – J’ai commencé à enregistrer des riffs. Julien, si tu as déjà les thèmes des morceaux suivants ça m’intéresse. Tu m’enverras un mail (rires) !
Julien Tournoud – Pour répondre à ta question et à Olivier, oui j’ai déjà la suite et je connais déjà la thématique. Tu parlais d’un album long tout à l’heure. Je pense que c’est la dernière fois que nous proposons un tel format. Aujourd’hui, tout va plus vite, la société a tendance à être dans le zapping. C’est pour ça qu’il sera plus judicieux de proposer un album plus court avec pas plus de 40 ou 45 minutes de musique. Il s’agira de la Part III, qui se situera chronologiquement après l’histoire de Amon Sethis et Ateravis que nous avons racontée sur “Part I – The Prophecy” et “Part II – The Final Struggle”.
10– 2020 a été une année terrible à bien des égards. Y-a-t–il des projets pour Amon Sethis en 2021 ? Des concerts peut-être ?
Olivier Billoint – Les concerts prévus pour 2020 sont reportés sur 2021. Nous serons au Wood Rock’n’Roll Fest, à Blois (17) qui se déroulera les 6 et 7 août 2021.
Julien Tournoud – Nous avons été contraints de reporter certains projets de tournée. On essaye de trouver des opportunités aux alentours du mois de septembre/octobre 2021, même si les tourneurs semblent plutôt se tourner vers 2022. Nous avons prévu de tourner avec des groupes que nous connaissons bien, ça serait super que ça se concrétise enfin.
11– Par le passé, vous avez tourné avec des groupes comme Dark Moor, Nightmare ou encore avec les tunisiens de Myrath. Quels souvenirs gardez-vous de ces tournées ? Des anecdotes à nous partager ?
Julien Tournoud – Je me rappelle des dates que nous avions faites avec Vanden Plas. La première fois, que nous avons ouvert pour eux, c’était à Charleroi, en Belgique. Je suis un grand fan du groupe ! Forcément, j’ai voulu faire signer mes albums à Andy Kuntz, le chanteur de la formation. Quand je lui ai tendu mes cd, il me dit “Oh ! Le chanteur d’Amon Sethis !” Résultat, je lui ai signé mes albums aussi (rires). Nous avons terminé notre discussion à 5h du matin ! C’en sont suivis deux tournées en France. Aujourd’hui, le groupe compte parmi nos amis proches.
Olivier Billoint – Tourner avec Vanden Plas c’est énorme ! A côté de ça, il nous est arrivé d’atterrir dans des plans un peu moins funs. Je me rappelle d’un concert, dans un bar en Suisse. Nous avions remarqué que la promo n’avait pas était énorme autour de notre venue. Le patron nous accueille et nous dit “C’est sympa d’être venus parce que je dépose le bilan dans trois semaines” (rires). Il faut savoir que c’était un bar de bras de fer ! On a joué avec un groupe en première partie, il n’y avait personne ! Je me souviens qu’il y avait une boite en sous-sol. Et lorsque nous avons voulu repartir, une bagarre a éclaté et la Police suisse s’en est mêlée. Ils ont eu la bonne idée de se garer devant nos voitures. Nous avons attendu qu’ils aient fini de tabasser les clients pour pouvoir repartir (rires). Et pour couronner le tout, nous nous sommes faits arrêter par la Douane à la frontière ! Quand je me suis couché, il était 7h30. Sacré souvenir !
